mardi 27 septembre 2016

le temps qui passe



C'est une patate, douce comme sa teinte brune rose. Elle est restée là, avec trois autres, dans un tiroir, en attendant la bonne recette qui lui donnerait un destin culinaire. Frites ? Velouté ? Un jour à midi, chez Balt, rue de Monsigny (une adresse sûre question goût pour des sandwichs et des plats à emporter ou à déguster dans la petite salle façon snack chic), j'ai testé une purée de patates douces métissée de choux rouges qui m'a fugacement donné l'idée de la plagier.
Et puis le temps a passé. Transformant ce volume inerte en chose vivante, vaguement inquiétante, odorante, lourde et archaïque alors même que s'en élèvent vivement des tiges comme des troncs de bonsaï dont s'échappent de petites feuilles, précises et légères, tremblotantes.
Ce pourrait être une planète miniature. Si j'en avais la possibilité, je resterais des journées entières devant cette création d'un monde, à regarder sans la discerner la croissance de ce bosquet primitif.
Mais je n'en ai pas le temps. Parfois je suis une patate.

2 commentaires:

  1. Quand on connaît le prix des bonsaïs et l'état dans lequel ils finissent souvent, voilà une idée très décroissante ravissante... Vite un concept store !
    SdA

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