lundi 9 avril 2018

les grands enfants

Un midi, où je déjeune comme souvent tardivement, décalé des horaires de la masse des employés de bureau, mais quasiment en début d'après midi ce jour-là, je me décide à essayer un resto de mon quartier où je ne serais encore jamais allé. J'hésite une seconde devant une brasserie où, récemment, j'avais vu entrer Mélenchon du pas de l'habitué, puis, finalement, j'opte pour un lieu au style indéterminé qui propose des plats du jour et paraît servir encore à cette heure clairement "hors déjeuner". 
Fréquemment je travaille ou je lis en mangeant : cette fois ma conscience professionnelle me pousse à visionner sur mon mobile, écouteurs dans les oreilles, les vidéos d'un artiste musicien. Aussi je capte de façon imprécise, plus que je ne la comprends, la scène qui se déroule à côté de moi. Un couple, devancé par un petit garçon à l'allure déterminée, qui s'installe à une table, il est question d'une commande de crêpes. 

Plus tard, alors que j'ai cessé cette écoute musicale, je vois arriver la commande de cette table voisine, et me rend compte que j'avais imaginé la crêpe pour l'enfant. Pas du tout. Les deux adultes reçoivent chacun une crêpe, et l'enfant les regarde bras croisés, lui il ne veut rien.
-"Ah! dit-il se penchant leurs assiettes, vaguement surpris, y'a plein de sucre !"
-"Oui, répond le père avec gourmandise. Tu veux y goûter ?"
-"Ah non !", réplique vivement l'enfant, affichant une mine dégoutée.

Cette anecdote m'a marqué car, quelques jours auparavant, j'avais entendu un échange adulte-enfant, furtif, qui m'avait fait sourire sur le même mode.

C'est dans l'embrasure d'une porte d'hôtel ou d'immeuble devant laquelle je passe que se tient l'adulte, un trentenaire plutôt grand qui est appuyé au mur de pierre. Il parle à son enfant, sur le trottoir, qui lui arrive au genou.
-"Mais si tu veux on peut jouer..."
-"Oui d'accord, répond l'enfant en se détournant de son père et en tripotant le doudou qu'il a en mains. Mais alors on joue pas au chat perché parce que t'es trop nul au chat perché."

1 commentaire:

  1. En synthèse : jouer à chat avec les sucres... Et les tout petits sont plus malins que les grands.

    RépondreSupprimer