mercredi 17 mars 2021

Louise Lawler et Louise Bourgeois...

Cet été je m’étais acheté un livre consacré à Alvin Baltrop, The Life and Times of Alvin Baltrop, aux éditions Skira. C’est un livre de photos, plutôt format beau livre, donc impossible à consulter en balade ou dans le métro, et en anglais, ce qui me demande une légère concentration supplémentaire, toutes choses qui m’avaient jusqu’à aujourd’hui empêché de m’y plonger vraiment.

Ces jours-ci, ayant été déclaré positif au Covid, me voilà en isolement forcé et souvent allongé sur mon lit, situation cette fois propice à entrer dans cet ouvrage,
Peu connu du grand public, Alvin Baltrop (1948-2004) est cependant réputé pour son travail de photographie autour des docks new-yorkais dans les années 1970. Sur l’Hudson River, du côté ouest de Manhattan, tout un complexe d’entrepôts abandonnés et de jetées sur l’eau devient à cette époque un immense terrain de jeux fantasmatique : c’est autant la plage nudiste de Manhattan qu’un lieu de drague et de consommation sexuelle homosexuelle, ainsi qu’un territoire à explorer pour des artistes cherchant à s’exprimer en dehors des musées et des galeries. Le plus célèbre exemple en est sans doute le travail de Gordon Matta-Clark avec l’emblématique Day’s End au Pier 52. Les lieux sont cependant loin d’être de tout repos, car ces espaces underground sont aussi l’endroit idéal pour venir s’y suicider ou y commettre un crime loin de tout regard.
Day’s End, de Gordon Matta-Clark

Cependant l’objet de ce billet n’est pas d’introduire le travail de Baltrop, mais de partager avec vous une découverte amusante. Dans un des premiers textes du bouquin, l’historien et critique d’art Douglas Crimp, récemment décédé, liste certaines des manifestations artistiques qui se sont déroulées en ces lieux. Dont, en 1971, une série d’actions arty commanditées par Willoughby Sharp, qui rassemble plus de 25 artistes, tous masculins! Louise Lawler, artiste qui s’est impliquée dans la création de l’événement, proteste en réalisant une bande son, Birdcalls, où tous les noms de ses confrères sont assimilés à des cris d’oiseaux. Par chance cette œuvre délicieusement drôle est accessible ici. 
Cette dérision créative et féministe m’a rappelé aussi le titre Otte, de Louise Bourgeois, que j’avais déjà partagé ici, en 2015.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire