lundi 13 mai 2013

en enfer

"À l'intérieur de l'hôpital, on fait avec la folie. On s'organise. C'est un monde sans politesse ni pudeur. Un étrange ballet dans une grande salle de réfectoire. Il y avait le type qui regardait la balle de ping-pong pendant des heures et qu'un jour un autre a rejoint  pour la regarder avec lui ; et aussi le chef des fous  - il y en a toujours un, comme il existe le chef des prisonniers ou qu'il existait le roi des argotiers à la cour des miracles (...). (...) j'avais encore fait appel à lui lorsque l'homme à la tête de gargouille, un visage effroyable sans front, m'avait volé ma règle. J'y tenais à cette règle, je l'avais réclamée à Elisabeth, et je me promenais fièrement avec. Je ne supportais pas de voir le voleur difforme, accroupi au pied des tables, me regarder tout en la mordillant.
Je me rappelle aussi d'une infirmière, elle pensait que j'avais des dons divinatoires, elle s'approchait de moi, me posait des questions sur sa famille et j'y répondais."
L'intranquille, autoportrait d'un fils, d'un peintre, d'un fou, de Gérard Garouste (avec Judith Perrignon), éd. Le livre de poche.

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