mardi 3 mai 2016

les gouvernants, les gouvernés

Dominique Méda, professeur de sociologie, directrice de l'Institut de recherche interdisciplinaire en sciences sociales, coauteur de Travailler au XXIe siècle, Des salariés en quête de reconnaissance, éditions Robert Laffont, sur France Inter, émission Agora, le dimanche 1er mai.

Extraits.
"[...] Quand vous disiez : Pourquoi ? Pourquoi le rôle de ces agences [de notation] ? Il y a quand même un point qu'il ne faut pas oublier, c'est ce qui s'est passé dans les années 80 avec la libération des capitaux, la circulation folle des capitaux, la création des fonds de pension... Et le fait que aujourd'hui, pourquoi les gouvernements sont comme ça, un peu dominés, c'est qu'il faut attirer, il faut attirer les capitaux, il faut attirer les investissements étrangers sinon, la peur c'est de devenir complètement exsangue, que ces capitaux nous quittent. Donc voilà pourquoi  il y a en effet tous ces palmarès, le palmarès qui s'appelle doing business où ce que l'on met en avant c'est la facilité de licencier justement. Donc vous êtes tout en haut dans le palmarès quand vous licenciez très facilement. Voilà les nouveaux palmarès qu'on nous propose. [...]"

"[...] l'Europe, c'est bien la zone où il peut se passer des choses tout à fait importantes, peut-être comme un laboratoire social, avec une Europe sociale. Former une zone de haute qualité sociale et environnementale. Or, qu'est-ce qui se passe aujourd'hui ?
J'avais envie de vous lire un texte quand même incroyable, c'est la recommandation du Conseil européen concernant le programme national de réforme de la France pour 2015.
Vous savez, il y a une série d'échanges entre les pays et la Commission européenne : en fait on vient montrer ce qu'on fait, et puis on attend une évaluation. Voilà, alors ce qui est absolument incroyable donc, c'est en mai 2015, et que dit le Conseil ?
"Il conviendrait d'accorder aux branches et aux entreprises la possibilité de déterminer de façon flexible si il y a lieu de déroger à la durée légale du travail de 35 heures par semaine, la loi portant création des accords de maintien de l'emploi n'a pas produit les résultats escomptés, très peu d'entreprises" etc etc. Donc, qu'est-ce que je veux dire : là, c'est la loi El Khomri qui est là-dedans, vous voyez ? [...]
Donc le Conseil européen nous dit  : écoutez la France, vous ne travaillez pas bien là, vous devez en faire plus et vous devez mettre en place un certain nombre de décisions, et en effet, quelques mois plus tard on aura la proposition de loi El Khomri."

Aujourd'hui Myriam El Khomri défend son texte, "juste et nécessaire" selon elle.
Nécessaire à qui ?

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