mercredi 12 octobre 2016

d'île en île

C'est évidemment avec décalage, encore, que j'ai rédigé les derniers billets new-yorkais, alors que j'étais déjà sur une autre île que Manhattan, celle que les fidèles du blog connaissent bien, celle d'Ibiza. Arrivé juste avec les derniers clubbeurs de la saison, qui viennent pour la "closing" de l'Amnesia.
"Ils vont danser de 4 heures de l'après-midi jusqu'à demain midi, commente le patron du restaurant Can Costa en se tapant sur la tête en signe de désapprobation. Quand j'étais jeune, il n'y avait qu'une seule discothèque, c'était à San Antonio, il fallait prendre le bus..." 
À part son restaurant, témoin d'une autre époque - et peut être seul vestige de celle-ci -, tout change. La fameuse discothèque Space ferme, ou plutôt se fait acheter par son voisin Ushuaia. La fin de 27 ans de clubbing, nostalgie assurée pour les aficionados. La place Vara de Rey vient de commencer sa mue en voie de la piétonisation. J'essaye d'observer cela avec un autre regard que Brigitte Bardot regardant Saint-Tropez (c'est vrai que cette place était ingrate et pour les voitures et côté trottoirs) : accepter que le charmant village en semi ruine où se sont tenus des moments importants de ma jeunesse, et bien il n'existe plus du tout, et surtout accepter que personne n'en voudrait plus de ce charme-là. On veut du propre, de l'instagramable. Dans le quartier gitan, aux pieds des remparts de Dalt Vila, les investisseurs sans scrupule achètent à qui mieux mieux pour retaper ces maisons blanches, et en faire des images de magazines infectes. Comme cette "casa" qui exhibe du mobilier de terrasse lumineux (changement de couleurs au programme), comble du mauvais goût, tentant de faire croire au chic du lieu alors que la rue reste, heureusement et pour l'instant, le terrain de jeu des enfants hurlants.
Ce soir je passe sur le port. C'est ma dernière soirée ici et je n'y avais pas mis les pieds. À cette époque de l'année, les promeneurs sont peu nombreux. Ils marchent plutôt près de l'eau, pour regarder les bateaux, ou bien près des vitrines de magasins et des terrasses. Résultat : l'immense promenade est vide en son centre et semble, sinon une autoroute, au moins une démesure. Encore une nouveauté, le bâtiment de la gare maritime, en face de l'obélisque, est rasé. À sa place, les images d'un projet astucieux du cabinet Mixis Arquitectos, agence d'archi à qui l'on doit déjà l'aménagement du port d'après leur site.
Quoi d'autre? Encore quelques fâcheux aménagements sur le haut des remparts qui ont eu définitivement la peau d'un charmant petit jardin d'arbres.
Sinon, plus personnel, j'ai passé tout ce séjour avec une vilaine conjonctivite. Pas facile pour les bains de mer et les œillades, activités favorites ici. Mais avoir une tronche de Picasso en Espagne, ça le fait tout de même, non?

Jour de pluie sur Figueretas


Le chemin vers la plage d'es Cavallet

Les salines

Sundays at Space, c'est fini. Plus jamais.


Les travaux sur la place Vara de Rey



Image de la future station maritime.

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