mercredi 11 juillet 2012

destin

Une jeune femme de ma connaissance – qui n'est pas jeune mais qui le paraît terriblement, et dont j'aurai la muflerie de donner la date de naissance dans les lignes ci-après – me révèle l'autre jour le secret de son prénom usuel, Sabrina (qui n'est pas celui qui lui a été donné à sa naissance).

Il s'agit (son cas est banal, semblable à des milliers d'autres au travers le monde) d'une héroïne de fiction dont l'image séduit tant sa mère que celle-ci se décida à nommer sa fille de la même façon. Ainsi, comme sous le patronage d'une sainte, l'enfant est placé sous la bonne étoile d'un concentré de signifiés, talisman supposé lui apporter les mêmes qualités, dispositions et destinée que son modèle fabuleux.


La bonne fée qui s'est penchée sur le berceau de Sabrina a le visage d'Audrey Hepburn, mise en scène par Billy Wilder en 1954 aux côtés de Humphrey Bogart (Linus) et de William Holden (David), deux frères à l'écran que tout sépare. Enfant, la jeune Sabrina, fille du chauffeur de la famille, n'a d'yeux que pour le brillant, drôle et futile David qui, bien entendu, ne la remarque pas. Elle part pour la France où elle étudie quelques années et, à son retour (miracle de la patrie de la haute couture et du new look), elle n'est que grâce et élégance. David ne voit alors plus qu'elle quand elle, en revanche, regarde aussi du côté du sombre Linus. Le film est connu auprès de certains pour sa version de la chanson la vie en rose.



Sabrina, celle que je connais, est originaire d'un pays d'Asie, à sa naissance encore sous domination britannique. Le sceau imaginaire du film Sabrina a fonctionné à merveille. Alors que la logique lui concèderait un destin en Asie ou dans un pays anglophone, la jeune fille est venue s'épanouir en France. Puissance du langage et poésie du verbe : la vie en prose.

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