vendredi 17 janvier 2014

raconter la vie

Le matin j'écoute, quand j'en ai la possibilité, la matinale de France Inter. En réalité, la plupart du temps j'ai le sentiment que c'est la radio qui m'écoute, puisque je suis naufragé sur l'oreiller me demandant si je vais glisser du radeau pour retomber dans les profondeurs moelleuses du sommeil ou bien héroïquement me hisser jusqu'à l'éveil complet et poser pied à terre, avec ce mouvement du corps qui nécessite une dynamique complexe que j'associe au saut du poisson hors de l'eau - élan, inflexion, réception.
D'autres jours, très en forme (ça arrive, oui), je goûte ces informations parlées en pianotant sur ma tablette pour vérifier, comparer, enrichir ce qui m'est glissé à l'oreille.

Jeudi dernier, c'est dans un état "entre deux", que je m'interesse au projet que Pierre Rosanvallon expose sur les ondes, ambitieuse volonté de "raconter la vie" au travers une collection de livres et un site Internet participatif.
C'est d'ordinaire le type d'initiative qui m'emballe en même temps que j'ai fait l'expérience de ma difficulté à m'y interesser de près, ou du moins de façon soutenue et continue.
Je pense notamment au projet "7 miliards d'autres" (http://www.7billionothers.org/fr), ou encore à "Story Corps" (http://storycorps.org) et même aux textes comme la Misère du monde, de Bourdieu.

Raconterlavie (c'est le nom du site, lien ici) a donc pour but de collecter, de faire partager des témoignages sur la vie quotidienne, de rendre les invisibles visibles, de donner la parole à ceux qu'on entend pas ou peu d'ordinaire, pour "rendre plus lisible la société d’aujourd’hui et à aider les individus qui la composent à s’insérer dans une histoire collective". C'est louable.
Il est même précisé : "Toutes les hiérarchies de « genres » ou de « styles » y sont abolies ; les paroles brutes y sont considérées comme aussi légitimes que les écritures des professionnels de l’écrit" . Tout cela est parfait mais ce matin où je suis peu engourdi et avide d'en savoir plus, je me connecte sur le site de raconterlavie.


A la rubrique "Qui sommes-nous ?", s'affiche la photo de l'équipe malheureusement légendée. Malgré la mauvaise qualité de la saisie écran ci-dessous, vous remarquez l'horrible hiatus entre les objectifs annoncés du site, et la présentation de ceux qui l'animent. Non seulement les membres de l'équipe sont cités en fonction de leur statut hiérarchique (plutôt que par ordre d'apparition sur la photo de groupe), mais le pire, la masse de texte qui leur est consacrée est décroissante, du directeur jusqu'au dernier de la liste, le web designer, petit Poucet condamné à n'avoir pas d'histoire du tout. C'est très mal venu cette disparition progressive qui semble organisée en fonction de la pyramide hiérarchique, et peut-être même salariale...
Nous raconte-t-on des cracks ? Faites ce que je dis mais ne faites pas ce que je fais ?

Malgré cette boulette (sur laquelle je vais tenter d'attirer leur attention), l'initiative m'a parue suffisamment intéressante pour poursuivre, avec application, mon surf sur leur site.
Il y a, de fait, des choses intéréssantes à lire, des récits touchants. Et je vais de ce pas, ou de ce clic, en faire publicité à quelques amis qui pourraient être désireux d'y participer.

1 commentaire:

  1. Depuis ma remarque envoyée au site, ô miracle, le web designer se trouve crédité de trois lignes de texte. Mais aucun remerciement ne m'a été retourné...

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