vendredi 25 mars 2016

Merci Ruffin!

Applaudissements spontanés dans la salle ce samedi soir au Louxor où s'achève la projection de Merci patron!, de François Ruffin.
Contrairement à Frédéric Lordon dans le Monde diplomatique ("comme on ne risque pas d’avoir les studios Universal sur le dos et qu’en réalité il ne s’agit pas tout à fait d’un film à suspense, on peut révéler l’intrigue de Merci patron !"), je préconise de ne pas dévoiler le scénario du film. Car du suspense, il y en a. 

Ce n'est effectivement pas un doc classique dénonciateur des pratiques du grand capital. Héritier de Michael Moore, François Ruffin réussit le croisement improbable d'un film d'arnaque, d'une comédie sociale et d'un documentaire politique.
La scène inaugurale donne le ton. Le réalisateur nous accueille en se lavant les dents dans une salle de bains encore en travaux, et commente avec sérieux son dernier achat : un séchoir à linge acquis avec les plus values de son action LVMH.
Second degré, cinema du réel et work in progress participent de cette facture singulière qui donne au film son énergie et sa saveur.

Le long métrage aurait déjà comptabilisé à ce jour 120000 entrées. Souhaitons que le maximum de spectateurs puissent bénéficier de l'effet vitaminé de cette joyeuse militance, plus efficace que les ronrons des professionnels de la politique.

A l'heure où, après les sornettes de la déchéance de nationalité, l'espace médiatique s'est empli des conneries de la loi El Khomri (quelques généraux repus dans des bunkers sécurisés, chauffés et moquettés, expliquent aux fantassins dans les tranchées qu'ils ralentissent la guerre car ils ne meurent pas assez vite, ce qui est incompatible avec la modernité croissante des armes de destruction, faudrait voir à s'adapter aux mutations de la société), on écoutera aussi avec intérêt les reportages de l'émission Les pieds sur terre, France Culture. Celui intitulé la caisse, ou bien celui sur le travail low cost, ou encore sur le travail précaire.

Et pour continuer dans le spectacle du réel, on relira les déclarations de Manuel Valls devant les ouvriers Safran sur son statut précaire : " je suis en cdd" (pour un salaire de 14910 euros bruts par mois selon Le Point). Humour ! Encore des points gagnés pour les prochaines élections, Manu!
Et pour vérifier que l'humour est diversement partagé, on retourne au "groupe Fakir" : conseiller Merci patron! peut mener au licenciement.

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