mercredi 8 avril 2020

l'érémitisme 2.0

Laurent, le Sauvage du Var
Après avoir fait le constat précédent et réjouissant (Je suis un vieil ermite rassis), j'ai commencé un bouquin acheté il y a quelques semaines, pour m'apercevoir que le thème en est, précisément, les ermites !

Le Dossier sauvage, tel est le titre du livre, m'a été conseillé par l'ami qui m'avait, en 2011, incité à lire Ce qu'aimer veut dire, de Mathieu Lindon, et à peu près pour les mêmes raisons : on y parlait de Michel Foucault, mais aussi de Daniel Defert, son compagnon.
Dans son ouvrage, Philippe Artières, l'auteur, enquête sur un dossier ayant été (vrai ou faux ?) réalisé par Foucault. Mais j'ignorais que le fil rouge de cet ensemble de notes était l'érémitisme.

Pour la nostalgie foucaldienne et fétichiste, on reste complètement sur sa faim, même si le livre débute dans l'appartement de la rue de Vaugirard du couple d'intellectuels. Plus étonnant, à la page 16, on y cite Paul Goodman, qu'Artières paraît découvrir et auquel il fait tout de même la grâce d'une page entière qui se clôt par ce verdict définitif : "Dans l'index des Dits et écrits que je consulte, à la lettre G il y a Genet, Goldman, Gramsci mais pas ce Goodman." (Autant dire : cet homme n'existe pas !)
Il faut dire que le bouquin procède archives par archives, citations par citations, plus nombreuses que le texte écrit par l'auteur lui-même. Et que je n'en suis pas encore, comme le Sauvage du Var, à vouloir tisser mes habits avec mes propres poils et cheveux collectés et conservés dans un grand sac.

Un des personnages de Lison Daniel.
Pour preuve, comme chacun a dû l'être, j'ai été saturé d'envois comiques en tout genre sur les réseaux sociaux et via mes outils habituels de communication. Je partage avec vous mon préféré de toute cette masse de choses : les portraits réalisés par Lison Daniel sur son compte instagram Les.caractères. Et voulant me tenir au courant de la situation internationale de l'épidémie, j'ai également regardé tous les épisodes de la série d'Arte Viral. Vue de la place Saint-Marc déserte, la plage de Copa Cabana idem, et quelques infos qui font relativiser : en Inde, 1 médecin pour 11000 habitants...

J'ai encore tenté d'en connaître plus sur les plantes avec lesquelles je cohabite, et parfois je me heurte à des imprécisions entre fleurs cousines : est-ce la dimorphoteca ou l'osteospernum dont les capitules se ferment en l'absence de soleil ? En voilà une question existentielle, non ? Mais présent sur mon balcon à regarder ci et ça, j'entends quelqu'un me héler depuis l'immeuble d'en face. C'est l'homme qui, un jour, dans la rue, m'avait nommé le monsieur des fleurs. Il me crie depuis sa fenêtre, montrant mon balcon "On se croirait à la campagne !" Et il ajoute, reprenant une argumentation qu'il avait déjà déployée ce jour de novembre : " C'est le plus beau du quartier. Les autres sont m'as-tu vu..."

Mais moi je pense secrètement qu'on peut être un ermite et aimer tout de même être vu...

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