mardi 10 décembre 2013

noirs désirs

Avant de quitter Biarritz dimanche, B. et moi prenons un dernier bain de soleil à la terrasse d'un bistrot. Nos boissons chaudes arrivent avec des sucres marqués "Café Negro, Bayonne". Et, je le remarque ensuite, les tasses aussi portent ce nom et le logo, tête frisée sans nez ni bouche derrière une tasse stylisée.

C'est évidemment en relation avec l'actualité (la cérémonie officielle à Soweto) que je le publie aujourd'hui.


Avant de chercher mention de ce "Café Negro" sur Internet, je me tourne vers l'histoire de Bayonne. Un port européen a presque toujours des souvenirs de la traite des esclaves. Bayonne n'est pas le pire, même pas dans le peloton de tête. C'est Nantes le grand port négrier de France, suivi ensuite de Bordeaux, La Rochelle et Le Havre (un tiers du trafic pour les trois). Une dizaine d'expéditions négrières seulement seraient parties du port de Bayonne aux grandes heures de ce commerce. (Ici un mini métrage au sujet de la recherche archéologique sur l'Île de Tromelin où un bateau bayonnais a échoué en 1761.)

C'est ensuite que je découvre que le Café Negro est un célèbre café torréfacteur de la ville de Bayonne, maison familiale créée en 1930, qui possède même sa page facebook et a reçu récemment un prix pour la qualité de ses produits.
Je ne sais que penser de ces images héritées de l'ancien colonialisme, hésitant entre l'esprit bien pensant et politiquement correct qui voudrait les voir disparaître, et mes souvenirs d'enfant nourri au Banania qui n'y voyait aucun mal et associait le visage noir aux bienfaits nourriciers, à la gourmandise et aux épices, forcément exotiques. Que des connotations positives, donc.
Plus tard, adolescent, le disque de Lamine Konté que j'écoutais en boucle s'intitulait "Chant du nègre, chant du monde" (et non pas "chant nègre", comme l'indique improprement le site vers lequel je vous renvoie pourtant ci-contre). Un extrait ici.

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