mardi 16 août 2016

la loi, le sm et la partouze pudique

La violence de la loi, il me semble qu'on l'oublie ou qu'on la sous-estime.
La loi porte pourtant en elle une violence symbolique, castrante. Elle limite, elle contraint bien plus souvent qu'elle autorise.

Je me souviens il y a de nombreuses années d'avoir été frappé par un fait divers. Je n'en ai pas retrouvé trace sur le Net (en cherchant rapidement). C'était en Angleterre je crois, des participants à une soirée sado maso avaient été condamnés au motif que leur réunion, pourtant privée, avait donné lieu à des pratiques jugées dégradantes pour la personne humaine. J'étais étonné de ce jugement que je trouvais abusif si, comme je l'avais compris alors, toutes les personnes présentes étaient consentantes, qui des "maîtres" et qui des "esclaves".

C'est à ce fait divers que j'ai pensé immédiatement quand est apparu sur la scène publique la journée burkini du Speedwater Park, près de Marseille. J'ai pensé à une partouze.

Car finalement, si on souhaite se baigner hors du regard des hommes, ça ne doit pas être très compliqué de privatiser un lieu avec du personnel uniquement féminin, pour profiter des joies du bain tranquillement avec ses enfants. 

La plage à Alexandrie, il y a une dizaine d'années. Hommes, femmes
et enfants se baignent habillés.
Mais privatiser un lieu, pour se retrouver tout de même obligée de se baigner habillée, au prétexte de quelques maîtres-nageurs hommes, c'est bien un montage pervers, une façon de jouir entre-soi de la soumission au regard de l'homme.
C'est donc bien d'une partouze dont il s'agit, plutôt sado maso d'ailleurs, en ce sens qu'elle s'organise selon un code, -les soumises seront habillées et mouillées, les maîtres seront nageurs et secs-, et que le plaisir (la sensation de son corps libre dans l'eau) devient secondaire devant la jouissance, soumise à la loi, la produisant.
Ce code ici se sur-sexualise puisqu'il n'est pas question, contrairement au duo maître-esclave, que l'on puisse à aucun moment inverser les rôles : on reste donc à une équation pénis=phallus. Une puissance symbolique accordée aux hommes que renforce la proportion des genres : quelques individus mâles soumettent des dizaines de femmes, rien que par leur présence. Partout où mon regard se pose, ma bite se pose. (Ou encore, mais blasphématoire : l'oeil de Dieu est le trou de ma bite. Ce qui se complique si Dieu est une femme, ce qui n'a pas l'air considéré comme une éventualité plausible par les organisateurs du rassemblement).
Il faut donc parler ici, dans le cas de la journée privatisée par Smile 13, d'une partouze burkini.

Le Gendarme de Saint-Tropez (1964) : les nudistes y sont présentés
comme "l'ennemi numéro un".

Rien à voir pourtant avec le désir de se baigner plus ou moins vêtu au bord de la mer.
Et je m'étonne là aussi que la loi aille dans le sens des arrêtés municipaux qui fleurissent contre le burkini. Par quels débordements en est-on venu à légiférer sur la façon de s'habiller à la plage ? Cela m'évoque des vieux films avec Michel Galabru et Louis De Funès, le Gendarme à la chasse aux nudistes sur les plages de Saint-Tropez. Maintenant la police va nous courir après pour nous dévêtir. Et est-ce que ces pédés de coiffeurs seront obligés de porter des strings? Tout paraît possible.

La violence de la loi apparaît d'autant plus flagrante lorsque la loi est stupide.


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