mardi 23 mai 2017

ibibus

Chaque changement notable sur l'Île (j'écris l'île avec une majuscule, pour restituer le rang hiérarchique qu'elle occupe dans ma géographie intime) est une modification qui m'affecte, plus ou moins durablement, plus ou moins désagréablement.


Ce mois il a fallu me confronter d'emblée à mon statut d'étranger puisque, à la faveur d'une refonte du système en vigueur, ma carte de bus était définitivement périmée. Déjà assez antique, la mienne (ou plutôt les miennes, j'en avais une pour un ami de passage, au cas où...), de la première génération, se voyait encore acceptée alors qu'avait été mis en place depuis plusieurs années des cartes nominatives avec photos.
Il a donc fallu perdre les euros chargés sur ces cartes puis faire la queue au Consell, où la file d'attente s'allongeait, presque entièrement constituée de vieillards, en espérant, sans en rien savoir, qu'il soit possible d'en obtenir une autre.

C'est depuis le mois de mars que le changement de carte était effectif pour toute la population, décision qui a produit comme on l'imagine des embouteillages magnifiques au guichet chargé de collecter vos données, faire votre photo et imprimer votre carte de suite, le tout opéré par une seule personne par la grâce de la technique numérique : " Maintenant ce n'est rien, il y a deux mois la queue allait jusque dehors, jusqu'au coin de la rue, signale la fonctionnaire-photographe-imprimeuse. Les gens qui décident dans les bureaux devraient venir ici voir le temps que ça prend..." Toute politique a bien un impact sur le réel. Pour empreinte de sérieux qu'elle soit, cette innovation permet (au bout d'une heure tout de même) l'établissement une nouvelle carte pour laquelle vous avez donné un numéro de passeport périmé, une fausse adresse et un faux numéro de mobile local.

Dans le détail, on apprend par la suite que la dite carte oblige à un fonctionnement plus rigide qu'autrefois (où l'on chargeait la somme que l'on voulait sans se soucier de rien d'autre). Maintenant il faut acheter des trajets précis, et par 20 s'il vous plait, à utiliser en quelques mois. On se console de cet aspect beaucoup moins avantageux (les anciens tarifs l'étaient au contraire excessivement, permettant de payer 1,10 euro pour un trajet de 3,50 euros) en apprenant que les vieilles personnes peuvent maintenant voyager gratuitement avec. Voilà pourquoi en ce mois de mai, ce sont des vieillards qui nous entourent pour venir chercher leur carte, bien après le gros de la population active, à l'heure des touristes.
"Je ne sais pas si je m'en servirais jamais, mais comme ça je l'aurai."



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