mercredi 15 décembre 2010

l'autre monde 1

C'est hier soir que j'ai vraiment ressenti le décalage horaire. Ou peut-être est-ce l'effet conjugué du jet-lag et de l'injection de produits radioactifs nécessaire au tep scanner passé le matin ?
En tout cas après plusieurs heures de téléphone sympas le soir (Françoise la mignonne, Alain puis Nelly), j'étais bien crevé. Et me suis couché avec un sentiment désagréable : celui d'avoir été mal informé au sujet de ce fameux scan. En fait, à part ce que m'en a dit l'opérateur, et ce que j'ai glané sur Internet (et c'est mauvais signe que j'ai dû aller sur la toile pour y chercher des informations), je savais très peu de choses. Ni ce qui allait se passer, ni à quoi ça sert vraiment... 
C'est plus qu'un scanner thoracique puisque le corps est balayé de la base du cerveau au milieu des cuisses. Et du coup j'ai eu l'impression, dans l'après-coup (j'ai souvent l'esprit d'escalier), d'une intrusion non autorisée.

Rebelotte ce matin en me réveillant : j'ai rendez-vous en fin de matinée pour un autre scanner dont j'ignore tout (et un rendez-vous à 14h20 avec l'anesthésiste). J'ai même un doute : devrais-je être à jeun ? Finalement je prends tout de même un café et deux biscuits. On verra.
La seule chose que je sais, c'est que ayant demandé au docteur Gé que ce soit un scanner sans injection, pour cause d'un assez mauvais souvenir du précédent (voir "scanomalies", billet du 20/09/10), celui -ci avait acquiescé : ça ne devrait pas être nécessaire. Lors de la prise de rendez-vous, il y a trois semaines, opérée par la secrétaire du doc, la question s'était à nouveau posée (car en cas d'injection il faut venir avec le produit à injecter) et j'avais précisé que ce devait en principe être un scanner sans injection.

Arrivé à l'hôpital assez tôt, je passe rapidement le premier accueil pour me retrouver vite à celui de l'imagerie.
"Faut-il vraiment que j'indique la date de mes dernières règles ? demande une grosse dame au comptoir qui remplit un dossier. Parce que je ne m'en souviens plus précisément, vous comprenez, ça fait bien 15 ans".
Puis c'est mon tour.
- Vous avez l'ordonnance ? me demande le secrétaire.
Non, c'est lui qui l'a, dans mon dossier.
- Vous avez le produit de contraste ? questionne-t-il encore.
- Ah non, je n'ai rien, ça devrait être un scanner sans injection.
- Il n'y a rien de mentioné sur l'ordonnance.
- Sans doute mais un scanner à injection j'en ai fait un hier au Val-de-Grâce, je ne vais pas en faire un tous les jours. Téléphonez au docteur Gé.
- Non, vous verrez tout cela avec le radiologue.
Ensuite le téléphone de la grosse dame se met à sonner de façon tonitruante tandis qu'elle regarde, amusée, de droite et de gauche d'où peut bien arriver cette sympathique fanfare qui nous régale joyeusement, puis soudain elle ne se jette sur son sac à main où ne trouvant pas le dit téléphone elle glapit "ce n'est pas moi" pour finir par saisir son manteau en criant "dans ma poche!", alors que la sonnerie s'éteint et que tout cela se déroule sous l'affichette qui montre un téléphone barré. La couverture d'un ancien "Psychologies magazine" qui traîne sur un guéridon clame "affirmez-vous" et rien n'indique que ce soit le bon endroit pour le faire.

On vient me chercher pour le scanner, et après m'être à demi dévêtu je me retrouve dans la salle de la machine, tout est blanc et clean, il y a là une femme blonde et un jeune homme brun, les deux en blouse claire, plutôt jolis, ils ont des physiques de série télé et on croirait que tout va bien se passer. J'ai même le temps de penser que oui, finalement je suis zenifié à l'intérieur grâce à mon séjour en Thaïlande et que voilà, tout cela rend le monde calme et blanc.
Et le beau gosse me demande dans quel bras je préfère l'injection.

1 commentaire:

  1. Depuis un an et demi, je fréquente Saint Louis où D., un ami, est hospitalisé pour une deuxième leucémie. Cette fois D. n'arrive pas à se sortir d'aplasie. Il passe régulièrement des scanners. On lui demande à chaque scanner de rassembler les forces qui lui restent pour se laver à la béthadine, pour se changer. Puis, il attend sous sa tente en plastique que l'on vienne le chercher pour le conduire au scanner. Arrivé à "l'espace imageries", il annonce que tous ses scanners se font avec injection. On lui répond que "non, pas cette fois. D'ailleurs, c'est pas écrit !" D. demande que l'on soit sûr. D. revient à sa chambre, se relave et change de vêtements : c'est la règle pour les malades qui pourraient être emportés par la moindre bactérie. On revient le chercher une heure après : "Le scanner, c'était avec injection ! "

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