mardi 28 décembre 2010

sutures

En fait, j'aime assez me faire opérer. Je trouve, dans l'idée que quelqu'un intervienne à l'intérieur de mon corps pendant que je suis endormi, quelque chose de troublant, à la limite de l'érotisme. 
En tout cas c'est toujours une aventure avec, dans cet autre monde, les petits jeux de rôles bien réglés : les médecins toujours pressés, l'infirmière gentille et la salope, ceux qui sont invités aux réunions de staff et les autres pas, l'aide soignante qui vous parle comme à un sourd... Voilà pourquoi l'impression de voir des acteurs de série télé vient si facilement à l'esprit...

Bon ! alors quoi, c'était comment, ça s'est bien passé ce découpage de poumon ?

Oui, tout s'est très très bien déroulé, avec beaucoup de bonnes surprises et peu de mauvaises, et je suis rentré à la maison samedi midi, soit cinq jours et quelques heures après avoir été ouvert. Impressionnant timing. Mais d'abord, avant d'en dire plus, deux événements qui ont bornés pour moi ce voyage.

Arrivé chez moi (en taxi conventionné, clin d'œil au livre de Marie-Dominique Arrighi) j'étais assez crevé et j'ai attendu le soir pour allumer l'ordi. À ma grande surprise, dans la boîte mail se trouvait une quantité impressionnante de commentaires de ce blog. Dont celui que j'ai lu en premier, que voici, 
J'ai reçu la carte postale royale hier. J'ai trouvé le texte lisse. Trop lisse. Comme une urgence, j'ai tapé ton nom dans Google. J'ai trouvé ton blog et quelques informations qui complétaient mon intuition ; quelque chose ne va pas. D'où m'est venu ce pressentiment ?
publié sur le billet "en campagne". Il s'agit de Christophe, que j'ai évoqué dans le billet "des joies" du 07/09/10, à qui j'avais effectivement envoyé une carte postale de Thaïlande, image de la famille royale, forcément kitsch, mais à la chromie délicate. La qualité de son intuition, plus ses commentaires en eux-mêmes, tout cela m'a beaucoup émotionné, dans des registres différents. Et j'ai enfin fait le lien avec un sms reçu à l'hôpital, dont je n'avais su identifier l'expéditeur.

À l'opposé chronologique, c'est-à-dire dans les premières heures passées dans ma chambrette d'hôpital, j'ai reçu la visite de mon frère les bras chargés de présents. Mon frère qui, avec son air de parler de la pluie et du beau temps, extirpe soudain de la poche de son pardessus un souvenir de notre enfance, un petit fermier de fer blanc, pour veiller sur moi. Je ne m'attendais tellement pas à une telle marque de tendresse que ça m'a balancé un petit coup de poing dans l'estomac. 
Question poing d'ailleurs, il y a quelque chose de subtil dans le choix de cet objet que je n'arrive pas à cerner mais qui pourrait être de l'ordre de : le personnage ne fait pas seulement lien, il fait tiers ;  ce qu'il tenait à l'origine dans la main (une fourche ?) a disparu et dans ce vide laissé il y a un appel, un geste possible, attendu.

1 commentaire:

  1. Je suis irrésistiblement attirée par ce petit personnage...
    Les histoires de "Jacqueline et Bertrand" m'ont rebranchée sur des souvenirs d'enfance: 6-8ans avec la collection des "Martine" dont j'ai lu et relu les histoires pendant des heures! Avec toi à l'hôpital ces moments évoquaient Noël avant l'heure et en regardant cette figurine, telle la madeleine ....je savoure avec émotion.
    Peut-être est-ce parce que Bertrand c'est le prénom de mon père décédé?
    Sutures et racommodages.

    RépondreSupprimer