dimanche 2 janvier 2011

dans les nuages

Voici donc une semaine que je suis rentré à la maison, materné jusqu'à ce matin par mon ami Alain.

Oui je l'avoue j'avais rêvé d'une convalescence idyllique, légère comme une meringue, et moi plus léger encore, angelot à peine émacié par le choc opératoire, survolant le tout l'air ravi sur le mode : le plus dur est passé.
Je crois que j'avais juste oublié que j'avais été vraiment opéré. Donc, au menu : grosse fatigue, problème de sommeil, gêne perpétuelle, pointes de douleur, méga essoufflement, intestins à l'envers... La grosse meringue sera peut être pour la semaine prochaine...

Et comme j'ai du mal à ne pas partager les moments d'émotion intense ressentis lors de ce périple hospitalier, je vous livre mon "histoire d'amour" post anesthésie.

Je me trouve en salle de réveil, dans le brouillard de la narcose, la pièce me parait immense et je me dresse un peu pour regarder plus loin d'autres lits où sont d'autres malades en attente de réveil ou d'opération,  je ne sais si les images saisies durent une seconde ou une minute, il y a aussi des infirmiers qui passent rapidement. J'ai la bouche très très pâteuse, il me semble que je m'endors et me réveille sans cesse, je devine à la tête de mon lit une silhouette qui s'active à qui je glisse "j'ai besoin qu'on m'aime", comme si je demandais un verre d'eau.
L'infirmier se penche sur moi pour savoir ce que je réclame et je répète plus distinctement "J'ai besoin qu'on m'aime" ce qui visiblement le met en joie puisqu'il partage à la cantonade cette demande inédite :
- J'en ai un qui a besoin qu'on l'aime
- C'est dans mes cordes, répond un autre.
C'est cet autre qui plus tard me caresse le bras, le visage et la nuque me disant je ne sais quelles phrases qui sonnaient comme des encouragements (mais peut-être se moquait-il tout simplement de moi?!) mais où surtout étincelait à cet instant le fait qu'il me tutoyait, tutoiement qui m'apparut dans ce brouillard post opératoire comme le sceau secret et complice de son affection. Un instant, alors qu'il avait l'air de régler une perf à mon côté je tente de fixer son visage : je crois voir des yeux ciel et une barbe de trois jours mais je n'ai pas pu voir une barbe de trois jours puisqu'il portait vraisemblablement un masque de papier bleu layette et n'est-ce pas cette couleur là que j'attribue faussement à ses yeux ? Je ne sais évidemment plus rien précisément sinon que je lui touche le bras à mon tour pour lui dire
- Toi tu es bien gentil toi.
Est-ce lui aussi (je l'ignore) qui passant outre les consignes (se contenter de compresses d'eau sur les lèvres) m'a permis de me rincer entièrement la bouche avec un verre d'eau ? Là non plus je n'en sais rien mais ce fut bêtement des instants magnifiques qui m'ont donné le sentiment étrange d'assister à ma naissance, de rejoindre quelque chose du nourrisson tout juste sorti à l'air libre et qui a besoin d'une perf d'amour.
Bon commencement, bonne année.

1 commentaire:

  1. un ange...
    on en croise parfois, juste au bon moment, sans jamais l'attendre.
    merci à toi et à lui

    w

    RépondreSupprimer