samedi 29 janvier 2011

le masque de Lou

Est-ce que j'avais prévu de livrer quelques alexandrins du livre de Anne, la mère de Fréd ? En réalité, non. Mais maintenant que j'ai aiguisé certaines curiosités, je vais tenter de me contredire et de justifier ma première intention.
À la lecture, dès l'introduction, ce qui s'affirme c'est que la forme poétique adoptée n'est pas là pour faire joli, mais parce qu'elle s'impose comme la seule manière possible d'écrire pour Anne. Pourquoi ? Est-ce parce que, chanteuse, elle est habituée à la forme versifiée des paroles de chansons ? Est-ce une façon inconsciente d'infléchir une expression qui serait plus violente en prose ? Je l'ignore. Voici ce que dit l'auteur dans un texte d'avant-propos :
"(...) Ce journal je voulais l'écrire en prose.
Les mots ne venaient pas, je faisais plusieurs pauses.
Par contre, écrire en vers, cela m'était facile 
et les alexandrins arrivèrent tranquilles.
Je n'avais pas besoin de longtemps les chercher. 
Au bout de ma plume ils étaient accrochés. (...)"
Je crois que c'est clair, Anne n'est pas dans une recherche stylistique, elle fait tout bêtement comme elle peut avec ce qu'elle vit. Donc l'idée d'extraire quelque chose de cet ensemble me parut incongru ; c'est souvent un texte entier qui a du sens plutôt que quelques vers.

Mais j'ai tout de même cherché ce qui pourrait en quelques lignes se suffire à soi-même et aussi faire écho à mes propre sentiments. C'est le début d'un poème du 4 avril, donc dans la partie du livre qu'Anne intitule "Après SIDA".
"Lorsque je pense à lui il n'y a qu'une image,
Qui sans cesse me revient. C'est son dernier visage,
Un visage de marbre. Son air n'est plus le même,
Son nez un peu pincé, mais c'est mon fils que j'aime."


Ça m'attendrit. La façon dont le visage d'un mort n'est déjà plus celui qu'on a connu et pourtant. Et le fait que j'avais déjà tant redouté ce moment que son visage inconnu, je crois que je le connais par cœur, que je l'avais tellement imaginé ce dernier masque qu'il n'aurait pas su me surprendre.

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