mercredi 12 janvier 2011

s'épancher

Ne rien prévoir disais-je ? Ce n'est donc pas demain après-midi que je tenterai une sortie ciné puisque je dois retourner voir le chirurgien, le docteur Gé, à l'hôpital.

En effet aujourd'hui j'avais rendez-vous avec le docteur T, et j'ai pris pour la première fois les transports en commun depuis trois semaines avec un peu d'appréhension. Dans le bus j'ai de suite opté pour une place surmontée du pictogramme "vieillard", petite silhouette blanche à canne, sur fond bleu. Au moins c'est clair.

Au premier coup d'œil le docteur T a constaté ma perte de poids et mon essoufflement, qui lui semble aussi trop important. Il me donne une bonne nouvelle : la fameuse tumeur framboisée que nous avons ôtée, dûment analysée, ne montre aucune mauvaise surprise, confirme le diagnostic de départ et s'avère "typique" (donc ne recèlant pas de vilaines cellules susceptibles de se transformer en sorcières). Ouf.
Je file au labo d'imagerie médicale qui se trouve en bas pour faire une radio. La salle d'accueil est minuscule et quand la secrétaire rentre les données me concernant elle ne peut s'empêcher de clamer "Bon anniversaire !" repris en cœur par une autre puis une petite dame qui patiente à côté de moi. D'habitude ce genre de truc m'énerve ou me met mal à l'aise mais là, c'est tellement spontané et bon enfant que ça m'amuse.
De retour auprès de T on compare les clichés, celui d'aujourd'hui et celui de ma sortie de l'hôpital (moi je ne cesse de clamer que j'étais moins essoufflé de suite après l'intervention que quelques jours plus tard) : résultat il y a un épanchement. Il a un truc sympa le docteur T, c'est qu'il prend bien le temps de montrer sur les radios ce qu'il y a à voir, à quoi correspond telle zone etc (et je ne dis pas seulement ça parce je sais qu'il lit le blog...) Donc, il faut se poser la question avec le chirurgien : faut-il ponctionner ou non ?

J'ai une étrange sensation : j'ai perdu plus de cinq kilos, est-ce que je disparais petit à petit ? Et en même temps je me remplis d'eau, quelle partie de moi-même change-t-elle ainsi d'état ? Suis-je un caillou qui se mêle aux vagues et s'y dissout ? Tout cela parce qu'on a réduit un petit sac d'air à l'intérieur d'une cage d'os. Oui j'ai l'étrange sensation que mon corps est un cabinet de curiosités dont les spécimens instables se métamorphosent sans cesse.





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