mardi 26 juin 2012

eurologue

Pris de la curiosité hier de réentendre cet échange entre commentateurs sportifs que je n'avais écouté que d'une oreille – mais oreille qui s'était dressée devant la violence des propos tenus à l'encontre de sportifs de haut niveau –, je me connecte sur le site de France Inter et recherche le 7/9 du vendredi 22 juin (le lien est là).
J'avais envie de savoir qui étaient ces interlocuteurs, et de vérifier les termes exacts de ce qui s'était dit. La discussion est encore en ligne, en vidéo, animée par Patrick Cohen. D'un côté Jérôme Jessel, journaliste et auteur d'au moins deux bouquins sur le foot, de l'autre Franck Annese, directeur de la rédaction du magazine So Foot. 
J'avais crains d'avoir exagéré en retranscrivant : "Ribéry, il est pas fini" (billet face à face). En fait j'étais en deça de la réalité.
Franck Annese,
chouette papa et psychologue sportif.
Là où la vidéo est intéressante par rapport à une simple écoute en podcast, c'est qu'on voit l'esprit de sérieux s'incarner comme une caricature de lui-même, postures, mimiques, coiffure et habits étant censé conférer bien-fondé et crédibilité (la loi) à des bavardages de café du commerce. Il est d'ailleurs question plusieurs fois de légitimité ("moi j'ai mon diplôme d'entraîneur") et de rôle du père. Inouï.

Les propos péjoratifs ou injurieux sont tenus par Franck Annese, sur le ton le plus naturel du monde. Ça commence en mode mineur : les footballeurs de l'équipe de France seraient "des sales gosses".  
- "Ils ont des réactions de sales gosses pré-pubères [...], c'est ni plus ni moins que des mecs qui ont 22 ou 23 ans mais en fait, 15 ans, quoi. " 
Apparemment dans le monde d'Annese, la puberté arrive après quinze ans.
- "C'est comme si on avait à éduquer des mecs de 15 ans." "Je sais pas si vous êtes parents, moi je suis parent. [... ] Ma fille a pas 15 ans mais je vois très bien ce que peut être le rôle d'un père avec des gosses de 15 ans."
Après le manque de maturité pris en charge par monsieur Papa, consultation du docteur Bon-point-mauvais-point :
-"On a des mecs qui effectivement sont un peu comme des gamins, dont deux ou trois sont un peu détestables. [...] En gros, Nasri, Ribéry et, bon, peut-être un troisième qui traîne." Joli diagnostic.
"Benzema, il est nettement plus intelligent, enfin, nettement plus éduqué, euh, sociable." Expert en QI maintenant. Viens ensuite l'insulte sur le mode C'est-pas-moi-qui-le-dit-c'est-l'autre.
- "Va au Milan AC, demande ce qu'ils pensent de Gourcuff, ils vont te dire : Gourcuff, c'est un cancer, c'est un mec qui pense qu'à sa gueule." Joli aussi. Et c'est le genre d'information qu'il est urgent de partager. On note aussi l'absence répétée des négations, faute de français chère à Nicolas Sarkozy.
Enfin l'apothéose :  
-"On a deux joueurs de classe internationale dont un qui est un peu débile... Ribéry, qu'est pas vraiment tout a fait fini."


C'était Franck Annese sur le service public, avant le quart de finale de l'Euro 2012. Stimulant, motivant pour une équipe, non ? (On en regrette Thierry Roland, tiens!).

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