lundi 30 janvier 2012

un artiste

Évidemment c'est un peu cruel de chroniquer une exposition alors qu'elle vient de s'achever. Mais c'est aussi l'occasion de célébrer un artiste que j'aime beaucoup, Tadashi Kawamata : un homme à l'opposé de ces faiseurs d'objets clinquants (trash, fun, kitsch ou pseudo chic) qui encombrent souvent le devant de la scène de l'art contemporain. 

Kawamata utilise quasiment toujours le bois (à ma connaissance) dans des installations qui ont l'allure de propositions d'architecture : tour, pont, passage, cabane, tunnel etc. Parfois, il joue du module, de la répétition, de l'empilement de matériaux pauvres, comme mis au rebut : chaises, caisses, cageots etc.
Familier des workshops, il associe facilement à sa démarche étudiants ou usagers de l'espace sur lequel il intervient, donnant ainsi à lire dans ses œuvres plusieurs histoires : histoire de l'œuvre elle-même, superposée, architecturée sur l'histoire du lieu, puis histoire de l'œuvre "à vivre". En effet, avec Kawamata, le "spectateur" est un acteur, un expérimentateur de l'œuvre, il est central ; son usage de l'œuvre, avec les émotions produites, fait partie d'un dispositif qui appartient à chacun le temps de l'exposition, qui ne s'exhibe que de son utilisation. À Bordeaux, par exemple, en 2009, pour la première manifestation Evento, Tadashi Kawamata avait construit une passerelle qui reliait le centre ville au fleuve, tout en restant en suspend au-dessus de l'eau. Je crois que tous les bordelais sans exception sont montés dessus pour profiter de cette nouvelle perspective sur leur ville !
Extrémité de la passerelle de bois qui reste suspendue
au-dessus du fleuve. L'artiste a travaillé en collaboration
avec la filière bois régionale.
La cour de la galerie au 47, rue Saint-André-des-Arts
A l'intérieur, les curieux sont parfois photographes.

L'exposition qui vient de se terminer à Paris avait lieu à la galerie Kamel Mennour : la cour devant, ainsi que tout l'espace intérieur, présentaient une surface de planches flottantes comme si le visiteur se trouvait sous des eaux charriant des débris de meubles ou d'habitations de bois. L'artiste est japonais, et l'évocation du récent tsunami était bien sûr présente : l'installation s'intitulait "Under the Water" et au sous sol, une projection de diapos témoignaient aussi du désastre. Samedi était le dernier jour d'exposition : il y avait donc du passage et le beau Kamel se tenait, altier, dans sa galerie, conscient de l'impact de cette oeuvre. La partie visible dans la cour attirait les passants néophytes, touristes et curieux (cour dans laquelle trônait, malheureusement, une voiture de luxe qui semblait celle du galériste. Faute de goût qui me rappelle un récent carton de vernissage de la galerie Tarasiève dont je vous ferais sûrement part prochainement...). 

Pour finir, quelques images des cabanes que Kawabata avait accrochées sur le centre Pompidou en 2010.




2 commentaires:

  1. De quoi ne plus jamais regarder une cagette de la même façon... J'interrograi mon ressenti lors de ma prochaine sortie au marché de Vincennes !
    Désolée pour ce commentaire inconoclaste, ai pas pu m'empêcher...
    Claude

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    1. Pas du tout iconoclaste, tu as raison chère Claude, de célébrer les cagettes de Kawamata : moi je regrette de ne pas avoir vu, autrement que par photos, l'installation à Vincennes. Ainsi que la "cathédrale" de chaise réalisée dans les caves Pommery il y a quelques années.

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