mercredi 25 septembre 2013

comme si de rien n'était

La dernière fois elle avait un vernis anthracite. Je lui en ai promis un bleu, qui ressemble à la gouache bleu cendre que j'utilisais beaucoup quand j'étais illustrateur.
Ce soir je me suis attelé à lui faire une ratatouille, pour qu'elle mange plus de légumes et qu'il lui suffise de réchauffer tout cela. J'ai passé un tablier de cuisine griffé RATP, lot d'un concours de cuisine il y a quelques années, et ça me fait sourire car j'avais participé à ce concours dans l'unique but de gagner le DVD du film... Ratatouille, ce qui fut fait.



Pendant que tomates, aubergines et courgettes cuisent, je regarde sur mon iPad (merci Arte replay) un documentaire dont les références m'ont été soufflées par mon amie M. Comme si de rien n'était, de Julie Talon, est centré sur une femme semblable à ma mère, qui oscille entre prise de conscience et déni de la maladie d'Alzheimer.
Le mot qui revient souvent et qui leur est commun : débile. Pour Rose, la grand-mère de la réalisatrice, ce sont les tests qu'on lui fait passer, les questions qu'on lui pose à l'hôpital qui sont débiles. Pour ma mère, c'est le mot de l'autonomie, quand elle a l'impression que l'on veut décider pour elle, ou qu'on veut l'aider avec trop d'insistance : "On me prend pour une débile", râle-t-elle, en général vraiment furibarde.
Débile, ça dit que quelque chose dans le regard de l'autre a changé.

L'autre soir elle tente de m'expliquer je ne sais plus quoi et chaque fois elle trébuche sur un mot, quand il ne lui manque carrément pas.
"Un jour, je vais finir par ne plus pouvoir parler."
Peur que la perte du langage advienne avant la folie. Pas débile, mais ne plus savoir le dire.

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