mardi 3 septembre 2019

remonter le temps...


Vendredi dernier j'ai pris le train à la gare d'Austerlitz, direction Aubusson. Il s'agit de rejoindre la Creuse où l'un de mes neveux, l'aîné, se marie. Je n'y ai pas mis les pieds depuis l'enterrement de mon père, en octobre 2000. Depuis dix-neuf années donc. Et il y a pas mal de membres de ma famille que je n'ai pas vu depuis la même date.

En réalité plus aucun train n'atteint cette ville. Le trajet s'effectue en train jusque la gare de La Souterraine, puis en bus pour la suite du chemin. Il fait très beau ce jour et depuis la fenêtre du wagon je goûte les paysages campagnards. Je me surprends à penser, vers Argenton-sur-Creuse, devant la beauté de la nature : ça donne envie de planter son chevalet dans un champ. J'ignorais que mon âme de peintre était encore si vivante, et que ces quelques kilomètres seraient susceptibles de la réveiller. 


Le trajet en bus est plus long que dans mon souvenir. Une heure et demie. Les villes et les lieux dits ont des noms poétiques qui mêlent la topologie, le labeur, mais aussi la religion ou la superstition : le puy au trois cornes, le verger de sainte Feyre, les fourneaux...
A Aubusson, arrivé à la gare routière qui fait face au musée de la Tapisserie, j'attends un moment que l'on vienne me prendre en voiture pour rejoindre Epagnat, un hameau à une quinzaine de kilomètres, où auront lieu les festivités.

Je suis dans un drôle d'état. Je fixe les paysages et les routes pour voir si je reconnais ce qui m'a été si familier pendant des années. En réalité, dans cette région, ça a peu changé pendant ces presque vingt ans d'absence. On dirait que rien n'a été construit, que les bosquets d'arbres sont aux mêmes endroits qu'auparavant.


La nuit, je dors à Vallières, un village plus important, quelque 4 kilomètres plus loin, où mes grands-parents avaient une maison de leur vivant, et où mon arrière-grand-père fut boucher, après avoir été maçon. J'ai une chambre ce soir-là dans l'ancien institut catholique pour jeunes filles, que l'on nommait alors le couvent, une vieille bâtisse aménagée pour le tourisme. C'est assez amusant. Je crois que je n'étais jamais rentré dans l'enceinte, bien que mon frère et l'une de mes cousines, de notre génération, me prétendront le contraire.

Le lendemain, en me promenant dans le bourg, je découvre l'étendue du désastre de l'exode rural. Quasiment tout est resté à l'identique ici, comme si le temps avait été suspendu, mais tous les commerces ou presque ont disparu. Il n'y a même plus un hôtel ou une terrasse de restaurant pour accueillir les touristes de passage. La ville est comme congelée, sous un soleil écrasant.


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