jeudi 10 novembre 2011

Sam suffit

Aujourd'hui circule un peu partout sur le Web la photo la plus chère du monde.
Elle vient d'être vendue chez Christie's. Bien sûr on ne se rend pas très bien compte du travail du photographe, Andreas Gursky, sur cet écran, travail dont l'impact repose en partie sur l'utilisation de grands formats.

Andreas Gursky, Rhein II, 1999
Sam Wagstaff, autoportrait.

La fameuse photo donc, intitulée "Rhein II", fait 81 x 151 inches, soit 205,7 x 383,5 centimètres. C'est un numéro un sur un tirage de six et elle coûte un peu plus de 4,3 millions de dollars (ça valait le coup d'appuyer sur le déclencheur de l'appareil).

Cette nouvelle arrive alors qu'hier je lisais un article très très mauvais sur une prochaine exposition Mapplethorpe à la galerie Thaddaeus Ropac*, dont le commissaire pour l'occasion est Sofia Coppola. Pas grand chose à dire je crois de cette prochaine présentation. Ce n'est pas la première fois qu'un "curator" people est nommé pour sélectionner un ensemble d'œuvres de Mapplethorpe : David Hockney en Angleterre,  Cindy Sherman aux États-Unis, Hedi Slimane et Bob Wilson en France se sont déjà prêtés au jeu.

Cet article m'a cependant amené à creuser un peu la biographie du photographe et m'a permis de découvrir Sam Wagstaff, sa personnalité et l'importance qu'il a eu dans la vie de Robert Mapplethorpe. Je n'avais jusqu'à présent toujours eu d'yeux que pour les amant(e)s spectaculaires de Mapplethorpe (dont Patti Smith, Milton Moore – Mr Polyester pour ceux à qui la référence dit quelque chose... – et Jack Walls, par exemple) et le très blanc Sam ne m'avait pas tapé dans l'œil. C'est pourtant, vraisemblablement, l'une des clefs du succès de Mapplethorpe.
Sam, une sorte de beau gosse quinqua au physique vaguement "playboyisant" fut donc l'amant puis l'ami de Robert pendant un certain nombre d'années. Il fut surtout un collectionneur de photos, dans ce début des années soixante-dix où la photo était peu considérée et peu cotée : on pourrait même dire qu'il est l'un des cinq ou six collectionneurs à avoir favorisé la reconnaissance artistique de la photographie. On comprend mieux la complicité d'intelligence et de passion qui unissaient les deux hommes que vingt cinq ans séparaient.
Un documentaire existe (Black White + Grey, de James Crump), que je n'ai pas vu mais qui semble tout à fait intéressant, qui retrace la vie de cet homme atypique, passionné par ailleurs d'art minimaliste (lien ici).

Sam Wagstaff asleep, Polaroid, 1973, Robert Mapplethorpe.

Pour l'anecdote, quand Sam Wagstaff vendit sa collection au Getty Museum, trois ans avant sa mort, en 1984, il en retira 5 millions de dollars, somme importante à l'époque mais qui, au regard des 4,3 millions de Rhein II, fait un drôle d'effet : sa collection était riche de près de 30000 images...
Le plus haut record pour la vente d'un Mapplethorpe semble être actuellement légèrement sous la barre des 650 000 dollars.

*Robert Mapplethorpe curated by Sofia Coppola.
Du 25 novembre au 7 janvier 2012. 
7, rue Debelleyme, 75003.

1 commentaire:

  1. L'occasion fera une "laronne" pour l'expo de Mapplethorpe que j'ai découvert au travers un magnifique baiser abrité par ce blog délicieux!
    Goûteux devrais-je dire!
    Merci pour l'info.
    Quant à Sam,un BG qui me fait penser à Noureev.(sur cette photo uniquement)

    Yolande

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