mardi 15 novembre 2011

touchables

Vendredi, samedi, dimanche, lundi... : j'ai passé une bonne partie de ces journées à mettre ma maison et ma vie en carton en vue du déménagement. Je ne suis pas d'une grande efficacité, en tout cas le rendement n'est pas très spectaculaire.
Je me suis délesté de sacs et de sacs de fringues en tout genre. 
J'ai plus de mal à mettre la bibliothèque au régime (les rayonnages, cartons après cartons, ne semblent pas vouloir s'alléger), elle porte la marque de ce foutu éclectisme que j'évoquais dans un billet précédent. Et c'est difficile de mettre tous ces bouquins en caisse sans les feuilleter au passage. J'avais décidé de faire quelques photos d'objets que je trimballe avec moi depuis des lustres et des lustres pour les publier ici, et puis je n'en ai pas eu le temps.

Ahatjan Ali, restaurateur et acteur du film Ata.

Samedi soir deux amis (pourtant respectables) me convient à aller voir au cinéma Intouchables, proposition que je décline vivement et que je troque contre un rendez-vous à dîner, après leur séance, dans un restaurant ouïghour. Oui quoi ? Ouïghour. Fichtre.

Les Ouïghours sont une minorité chinoise, peuplant la région de Xinjiang, aussi appelée Turkestan oriental, dans cette partie du monde où le nom des pays se termine de cette façon : Kazakhstan, Tadjikistan, Kirghizstan... Ce territoire chinois regorge de matières premières énergétiques (de tout : pétrole, gaz, charbon, uranium) et sert de terrain d'essais nucléaires (et certains chuchotent, bactériologiques aussi) avec les précautions écologiques et humaines que nous connaissons à ce pays. D'autre part, pour des raisons que j'ignore mais qui n'ont pas de secrets pour les spécialistes, le territoire a une importance stratégique énorme.
On imagine aisément avec quelle chaleur sont accueillis par les autorités chinoises les souhaits d'indépendance des Ouïghours, et ceux-ci étant aujourd'hui majoritairement musulmans, on sait aussi quel épouvantail est agité pour permettre les rafles et les exactions contre cette population.

Loin de la Chine donc, mais pile face à la mairie du Xe, nous voici attablés dans ce restau sympathique à la cuisine inconnue. Soupe de raviolis, riz à la viande, nouilles fraîches aux légumes... : c'est bon. Le tout servi par un petit homme moustachu, qui maîtrise mal le français. Les Ouïghours ont la particularité d'être turcophones tout en maniant une écriture en caractères arabes. Sur le mur s'expose une affiche, gros plan de visage qui paraît être celui de notre hôte : oui, c'est lui nous apprend-il, c'est une affiche de film dans lequel il a joué en 2008. Re fichtre.

Plus tard, je glisse la tête dans la toile du Net pour en savoir plus. Je trouve quelques interviews des réalisateurs, Çagla Zencirci et Guillaume Giovanetti. J'apprends que ce film est un court métrage, comme tous les autres films réalisés auparavant par ce duo (qui serait en tournage d'un long au Pakistan). Aussi que Ata, le film qui met à l'affiche notre restaurateur accueillant, a été primé une quinzaine de fois (voir sur le site des réalisateurs). Je farfouille encore et je trouve, en ligne, un documentaire des mêmes réalisateurs sur des jardins urbains berlinois, d'une vingtaine de minutes, primé lui aussi (le lien est là) ainsi que, oh merveille du Net, Ata dans son intégralité (cliquer là).

Deux films qui valent bien une grosse cavalerie en salle actuellement.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire