jeudi 24 février 2011

du plaisir

Je déjeune ce midi dans un snack turc de ma rue où je vais régulièrement quand je souhaite manger avec un bouquin à la main. L'endroit est exigu et parfois je suis distrait par les conversations des consommateurs si proches, il m'est arrivé parfois de ne faire que semblant de parcourir mon livre pour suivre un échange particulièrement intéressant ou surprenant entre des voisins de circonstance.
Là je suis avec "Ce qu'aimer veut dire", de Mathieu Lindon et je voudrais ne plus rien faire d'autre que de rester avec ce livre : ne plus dormir, ne plus aller à la kiné, ne plus aller travailler, ne plus déjeuner etc. Mais je prends aussi d'autre part un certain goût à faire durer le plaisir, et à jouir de ces moments d'intelligence et de sensibilité avec parcimonie dans un environnement qui en manque tant.
J'en arrête la lecture quand une rencontre entre deux consommateurs fait grand bruit à côté "ah, qu'est-ce que tu fais là ", " eh bien comme toi, tu vois, je mange", et s'en suivent tellement de "comment ça va ? la famille, les enfants" à un tel rythme et avec une telle répétition qu'on ne sait plus qui questionne qui.
"Ma mère, dit finalement le plus proche de moi, eh bien elle était partie là-bas et elle est revenue, elle est restée presque toute la révolution là-bas." La durée d'une révolution en ce moment, c'est presque celle des vacances. La terre tourne vite.

"Workwithinwork" par le ballet de
l'Opéra de Lyon, photo Fedephoto.com
Je reste aussi avec en tête les images du spectacle d"hier soir, au théâtre du Chatelet, auquel m'a convié Malika (c'est aussi elle qui m'a prêté le Lindon, décidément elle me nourrit!) : deux pièces de Forsythe, "Workwithinwork" et "Quintett", par le ballet de l'Opéra de Lyon.
La dernière fois que j'ai vu un Forsythe, c'était en 1993, autant dire un siècle : "Impressing the Czar". C'était quand il était encore à L'opéra de Francfort.

"Le camp du plaisir, je devrais en être plus souvent," écrit Mathieu Lindon se replaçant dans ses premières années de jeune adulte.
C'est ce qui est frappant dans l'interprétation de "Quintett" : le plaisir des danseurs, notamment Agalie Vandamme (en orange) et Franck Laizet, celui-ci tachant son costume vert de sueur ce qui, bêtement, pour moi, lui donne un supplément d'âme et le fait échapper a l'univers du corps-machine que peuvent parfois représenter les danseurs de ballet. Mais il faut rendre aussi hommage à Harris Gkekas (costume de soleil) et Jean-Claude Nelson (costume de nuit), ainsi qu'à Caelyn Knight (robe rose). J'aurais aimé trouver sur Internet des images qui les valorisent, mais j'ai fait chou blanc.
Caelyn Knight. L'image donne une idée de la dynamique et des costumes,
des robes qui habillent et déshabillent sans cesse les danseuses.
Mais les murs du décor sont blancs, contrairement à "Workwithinwork".
Photo Photodedanse.com

1 commentaire:

  1. salut F , c W.
    tu me fais rêver!
    aurais-tu la gentillesse de m'indiquer des spectacles de danse de qualité à paris pendant mon séjour, du 24 .03 au 10.04?
    c tellement bon....
    merci mister F
    miss w

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