dimanche 26 septembre 2010

si si

J'y suis. Sicile. Catania, et puis aujourd'hui Siracusa.


Comme je l'imaginais je ne poste pas d'image maintenant. A Catane j'ai pris quelques belles photos d'une fontaine annees cinquante, à Syracuse la beaute des lieux me freine. Je ne trouve pas les accents sur le clavier de cet ordi donc je vais ecrire peu aussi.

jeudi 23 septembre 2010

haut les cœurs !

Ma valise est dubitative. Elle reste ouverte sur le sol, baillant largement, pas même heurtée par le désordre qui l'habite et la dépasse de toutes parts. Sera-t-elle à l'heure demain à l'aéroport malgré la grève ? Aura-t-elle trouvé place dans ce rare RER qu'on annonce à un cinquième de son trafic habituel ? Trouvera-t-elle son avion annulé dans la matinée alors que ce soir on l'annonce encore programmé ?
J'ai peine à la réconforter. Je devrais la mettre en ordre en sifflotant mais j'ai la tête ailleurs.

Je n'imagine pas nourrir beaucoup ce blog depuis la lointaine Sicile que je convoite. Et n'étant pas cyber performant je doute de trouver le moyen d'y poster des photos. C'est donc une forme de parenthèse qui s'ouvre maintenant.

Je n'ai toujours pas eu de réponse de Y. à mes deux courriers (voir "sans légende", post du 06/09, et "promesse", du 18/09). En fait comme j'avais misé sur l'inverse, je pensais mettre rapidement des photos de Fred en ligne, quand j'aurais reçu un courrier en retour (je ne peux pas croire que ce soit volontaire de la part de Y., elle doit être à l'étranger, ou empêchée par quelques raisons de répondre; sinon, c'est trop dégueulasse, non ?). Donc ceci diffère cela. À moi de m'ajuster et de trouver le bon moment pour afficher ce visage, son visage.

Pour finir, une photo que j'ai prise à Barcelone avant d'aller à Sitges. C'est à Poblenou.


mercredi 22 septembre 2010

ratures

J'écris trop vite. Je relis le billet d'hier et je constate que la dernière phrase ne rend pas justice à mon sentiment. 
Il aurait fallu écrire "où la langue maternelle marque et enserre l'émotion si joliment, on dirait des langages chorégraphiés par eux-mêmes".

Et puis j'aurais dû la noter cette définition de forçage plutôt que de balancer un impératif (vérifiez blablabla).
Forçage : action de forcer (une bête qu'on chasse, qu'on fait courir). C'est le deuxième sens que j'aime : culture des plantes hors de saison, ou dans un milieu pour lequel elles ne sont pas faites.

(D'où le titre du post et le terreau maternel).

mardi 21 septembre 2010

aux racines

Étrange exercice d'impudeur auquel je me livre ici, et qui ne ne ressemble guère. Ne manque plus (y viendrais-je ?) que des photos de moi en situation, ce serait la totale. L'enjeu est d'aller au-delà de ce à quoi je m'autorise d'habitude, en gardant de la justesse, qu'il n'y ait pas de forçage (vérifiez la définition de ce mot dans le dictionnaire, plus loin il y a forçat, forcené, forceps etc).

Aussi il faut que je me pousse un peu à révéler l'existence de ce blog, sinon l'expérimentation, le jeu et finalement l'écriture aussi en seraient vains. 
Lundi, comme Maria Lucia m'appelle pour me souhaiter "bonnes vacances" alors que je ne sais pas encore si le pneumologue va m'autoriser à partir, je lui envoie par mail l'adresse du blog dans l'après-midi. Plus tard, elle me répond :

Estoy muy emocionada de voir tu blog.

Moi, en retour, je suis bouleversé de cette formulation où la langue maternelle marque et contient l'émotion, si joliment, on dirait une chorégraphie avec le langage.

lundi 20 septembre 2010

du lien, encore

Alors cette fois je vais vraiment arrêter de m'époumoner à raconter mes déboires de santé.
Le chapitre se clôt.
Vu ce soir le pneumologue, le Dr T., non loin du cabinet d'EMA (et rendez-vous d'urgence obtenu évidemment grâce à son intervention) : il est d'accord pour que je parte en vacances à la date prévue, dans trois jours. L'oxygène du sang est bon, on considère que la pneumo va se résorber lentement mais sûrement, et on reparlera des stratégies plus élaborées (scanner, fibro etc) à mon retour, quand on aura une image radio claire. À surveiller : l'effet du soleil avec le nouvel antibio qu'il me prescrit.

Quelques mots sur EMA : des amis me demandent si elle ne s'angoisse pas inutilement. La réponse est clairement non. 
Il faut dire que pour raccourcir les billets, et aussi par pudeur, je n'ai pas restitué nos échanges ni la totalité de ses interventions. Aussi le portrait d'elle qui se trace par défaut est faussé.
Par exemple la question de l'anxiété s'est très clairement exprimée entre nous : est-ce que je devais m'inquiéter ? Est-ce que la probabilité d'une embolie était la plus forte ? Tout se partage facilement avec elle, et les réponses d'EMA était claires. De son côté, elle penchait plutôt pour "pas d'embolie", mais en ayant déjà vu plusieurs dans son cabinet, l'expérience lui commandait de vérifier.
L'autre aspect de la stratégie de soin de EMA que je n'ai pas exprimé (et le taire pourrait faire croire à un médecin tourné uniquement vers la technologie et la réponse chiffrée), c'est son côté remède de grand-mère. Dans le même temps où EMA recherche le labo qui pourrait faire un angioscanner, elle exige que je boive des citrons chauds avec du miel et que je me frictionne localement le poumon avec des huiles essentielles. Et m'engueule si je ne le fais pas (d'ailleurs j'en bois un, en ce moment, de citron chaud...)

Désolé pour le long post indigeste de ce matin ("scanomalies"), je vais tenter plus tard de l'égayer avec des photos du scanner : certaines m'ont fait penser à la lune de Méliès, d'autres à des visions de galaxies.

Post-scriptum : j'ai inauguré une liste de liens avec le blog d'un dessinateur que j'adore, Bastien Vivès, que m'a fait découvrir Malika il  y a quelques années. Je ne sais si cette liste sera longue car j'ai l'admiration difficile et je trouve du sens à cette modération.
Nous évoquions l'autre jour avec EMA (voir "pneu mieux faire", post 18/09) l'importance des personnes qui allient l'intelligence et le cœur (nous citions Michel Butel et Pierre Kneip).
À un autre niveau, je suis touché de la façon dont ce jeune dessinateur travaille l'émotionnel. C'est parfois cruel : un bon exemple, son strip daté du mercredi 8 septembre.

Deux albums déjà parus
et déjà célèbres de Bastien Vivès
(éd. Casterman)

scanomalies

Je ne résiste pas au plaisir d'afficher cette photo du "joli" pansement réalisé par l'opérateur de radiologie tout à l'heure (en bas). 

Ce matin, alors que je viens de prendre conscience du fait que je me suis rendormi (oups, d'ordinaire je mets trois sonneries, la radio, l'abominable buzz et une très belle chanson de mon téléphone mobile et là je n'avais que le tél), coup de fil de EMA qui vient de me dégoter un rendez-vous pour un angioscanner dans trois quarts d'heure à l'autre bout de Paris. Je n'ose avouer que je suis encore naufragé dans l'écume des couettes et oreillers en plumes qui recouvrent mon lit et je négocie le rdv pour dans une heure. EMA est vraiment une femme incroyable.


Une fois arrivé au 119 avenue du Général-Leclerc (lieu sympa au fond d'une allée, accueil agréable) j'attends à peine et l'opérateur m'appelle. Chouette. Avec seulement mon pull en moins, je m'allonge sur une table qui pénètre dans un arceau. L'opérateur me prévient qu'il va m'injecter des produits, est-ce que je suis allergique ? Non. Je rajoute : il y a-t-il des choses à ne pas faire ? Non, il ne faudra pas bouger quand on me l'indiquera. Bien.
Il me pique au bras (je ne regarde pas mais je l'ai regretté ensuite), me fait mal (suis-je douillet ? Je ne sais pas, mais je sais qu'il est possible de me piquer sans douleur, voir "pneu mieux faire", post du 18/09), me demande d'étendre les bras au-dessus de la tête et disparaît.

Comme promis voici les images étranges du scanner :
il y en a plusieurs centaines. Sur certaines on croit voir des galaxies
et des explosions d'étoiles dans mes poumons.












Le scanner n'est pas du genre marteau piqueur, il fait un bruit de courant d'air en spirale comme celui qu'on entendait dans les séries télé des années soixante pour bruiter l'envol d'une soucoupe volante. Une voix synthétique lâche par moment, "konflez lait poumons, ne bougeait plus" comme si elle avait de la purée dans la bouche. J'obéis sagement. Soudain j'entends un petit vrombissement à l'endroit où j'ai été piqué, une drôle de sensation aussi, je comprends qu'en réalité l'opérateur n'a pas injecté de suite mais qu'un système déclenche seulement maintenant le produit qui s'écoule dans mes veines. Une impression de chaleur très désagréable m'emplit le corps. Je me demande ce qui se passe. N'ai-je pas répondu trop vite ne pas être allergique alors que je n'ai jamais subi ce type d'examen? Cette bouffée chaude me donne le sentiment que je vais tourner de l'oeil. Aurais-je le temps de prévenir l'opérateur que quelque chose ne va pas ?
Mais celui-ci revient.
-Voilà, c'est terminé, ça fait chaud hein!, balance-t-il sur le ton de celui qui vous aurait donné un verre de vodka à la place d'un verre d'eau fraîche que vous auriez bu cul sec.
- Eh bien j'aurais aimé être prévenu à l'avance. Quand on sait ce qui va se passer c'est tout de même plus facile.

J'imagine que ma réflexion lui est passé par une oreille et ressortie par l'autre. J'imagine qu'il va continuer à faire des angioscanners sans prévenir les patients que, à un moment, ils vont ressentir de la chaleur, que c'est normal, que ça ne dure pas, qu'il ne faut pas s'inquièter. De quoi est fait la formation de ces opérateurs ?
Ensuite il enlève le je-ne-sais-quoi qui permettait l'injection et me fait cette boucherie de pansement que l'on voit en photo. Non mais de quoi est fait la formation de ces opérateurs ?

Plus tard le médecin du labo (jolie femme) qui interprete les images m'explique bien ce qu'elle voit et ce qu'elle a du mal à analyser. Résultat des courses : pas d'embolie. Mais une anomalie qui est peut-être à l'origine de ces pneumopathies à répétition. À suivre, ce soir.


dimanche 19 septembre 2010

des trucs

Stuff, en anglais : affaire personnelle, truc, chose, bazar...

Je découvre ce week-end le film de Annie Leonard, "The Story of Stuff" (il date de fin 2007, je crois), sur les dérives du consumérisme. La vidéo dure une vingtaine de minutes et propose des sous-titres en différentes langues, c'est
Pas de discours moralisateur (vilain consommateur), pas de constat démoralisant (on ne peut rien faire), mais une animation graphique et un propos simple qui mettent noir sur blanc l'absurdité du système détruire-pour-produire-pour-jeter. 
Avec des prises de conscience toutes bêtes : quand on achète un gadget pour une somme ridicule dans un magasin discount, qui a payé pour que cet objet nous arrive dans les mains à ce prix-là ?... Réponse dans le film. 
Il y a aussi "The Story of Cosmetics", "The Story of Bottled Water" et "The Story of Cap and Trade" (ceux-là, sauf erreur de ma part, sont à écouter en anglais).

En fin de journée je vais bouquiner au soleil au square des Récollets. Ce n'est pas le bon jour pour cela, puisque le petit parc est investi par une sorte de village des associations. Je n'ai malheureusement pas l'énergie de regarder les stands. Je trouve un petit coin de pelouse et poursuit la lecture de "Un secret", de Philippe Grimbert.
Sur le kiosque à musique, des groupes se suivent et en fin d'après-midi, une formation de free jazz avec chanteur militant plutôt sympa, dont je ne trouve le nom nulle part : contrebasse, accordéon, saxo, percu. Ces quatre-là font place à un chanteur afghan qui se lance dans une mélopée sentimentale à souhait, et toute la communauté afghane du square se rassemble autour du kiosque, ravie. Danse, tapes dans les mains, photos avec les portables etc.

Nelly appelle ce soir et me raconte qu'elle a pleuré sur la pierre où César a été incinéré, la première fois qu'elle est allée à Rome.



e la nave va

Tandis que je laisse imaginer une embellie, EMA, elle, pense toujours à une embolie.

Ce que j'ai passé sous silence c'est son coup de fil, samedi matin (pas de week-end pour Elisabeth ?) :
D'après les résultats du labo, les marqueurs de l'infection sont parfaits.
Donc c'est tout bon, non !!!?
Et bien non puisque du coup on peut se reposer la question de pourquoi les autre marqueurs, les D-Dimères, sont aussi élevés (ce sont eux qui pourraient faire craindre à une embolie pulmonaire).


On convient d'en reparler le dimanche, jour où Elisabeth pourra communiquer avec un autre médecin de notre connaissance, de garde à l'hôpital Pompidou.

Ce dimanche matin donc, dix heures et des poussières et quelques temps avant que mon réveil sonne : EMA en ligne. Elle est sur le pied de guerre, moi presque introuvable, noyé sous la couette, les traversins et les oreillers, mais heureux d'entendre sa voix. Elle me restitue le point qu'elle a fait avec le doc de l'Hegp (hôpital européen Georges-Pompidou). Elle a besoin d'entendre si je suis essoufflé et m'exhorte à clamer tel Démosthène devant la mer ! Mais c'est vrai, vraiment pas de week-end pour Elisabeth ?
On en revient vaguement au même point. Demain matin, elle va chercher un labo privé qui pourrait réaliser cet angioscanner qu'elle aimerait bien que je fasse.

Faut dire que embolie, ça vient de embolos, "ce qui s'enfonce dans". Ce qui donne peu envie.

Vilaine image piquée sur le Net :
une des peintures du plafond de la bibliothèque
de l'Assemblée nationale, par Delacroix
(www.assemblee-nationale.fr)

la rue

En revenant de la place de la République jusque chez moi, passant par le boulevard Saint-Martin je découvre une plaque indiquant la maison natale de Georges Méliès (au 29, ne pas croire Wikipédia qui indique le 45). Rien d'extraordinaire, sinon le plaisir de se sentir encore et toujours touriste dans sa propre ville et que ce soit cette fois sous la tutelle de ce maître de l'imaginaire.

Plus tard je tombe sur Lætitia et Farid, jeune couple de sdf qui sont parfois devant le supermarché Franprix. On parle un peu. 
L'hiver dernier, déjà ils étaient à la rue, et je les ai aidés financièrement beaucoup, ce qui était très inconfortable pour moi (les raisons en sont multiples). Puis un moment leur situation s'est améliorée, ils ont trouvé un hébergement. Pourtant la jeune femme est partie, laissant Farid seul. Lui a trouvé un boulot dans une entreprise de restauration qui fonctionne avec des contrats de réinsertion. Je l'ai encore aidé un peu, lui proposant cette fois de lui prêter l'argent, et faisant comme si j'attendais qu'il me le rende.
Puis quelque chose l'a fait chuter : ce qu'il m'a dit à l'époque, c'est qu'il a dû quitter le premier hébergement qui était pour un couple, et que le deuxième lieu fermait l'été, ce qu'il ignorait. Il s'est donc retrouvé encore à la rue et n'a pu poursuivre son travail. Je précise que c'est ce qu'il m'a dit, car je sais que parfois il me ment sur les bords, il arrange un peu les histoires, ce que je comprends fort bien.
Ensuite, Lætitia est revenue cet été. Farid a repris son petit air de coq, c'était touchant, ils ont disparu pour quelques mois. Et les voilà à nouveau au point de départ, avec un hiver dans la rue qui s'annonce.

Je leur dis sincèrement que ça me déprime de les savoir ici, et que je me suis rendu compte plusieurs fois que j'aurais bien fait comme si je ne les voyais pas. 

samedi 18 septembre 2010

promesse

Je suis réveillé par un texto d'Alain. J'en ai peu parlé mais mes journées sont émaillées de sms de soutien et de messages amoureux qu'il m'envoie de Suisse. C'est extrêmement précieux.

Détestant les posts interminables (comme celui d'hier), la plupart du temps après avoir écrit un billet, j'en enlève plusieurs lignes ici où là, quitte à supprimer des "infos". Bien sûr le terme d'informations concernant un blog qui ne parle de rien, ou d'aucune autre matière que celle d'un journal intime, cela fait sourire. En tout cas, moi ça me fait gamberger.

Comme j'ai en projet de travailler sur les blogs dans le cadre d'un mémoire de psychothérapie, j'en lis pas mal : beaucoup n'ont pas du tout la forme d'un journal perso, mais s'attachent au contraire à avoir l'air d'un journal pro, et le ton de l'écriture à avoir l'air journalistique. 
Ce qui démultiplie à l'infini cette catastrophe que l'on constate aussi à la lecture de la presse papier, à savoir que tout le monde donne son avis sur n'importe quoi, et que la notion même de critique est perdue. 
Serge Daney, au secours, reviens !

Ce midi j'envoie de nouveau une lettre à Y, avec cette fois mon adresse mail (voir post du
15 septembre). Dans la première (datée du 6 septembre) je lui indiquais, concernant la mort de Fred : "j'ai dû faire le deuil de lui uniquement avec le panache de fumée aperçu au dessus du crématorium. On connaît l'histoire, c'est peu."
Je crois que c'est assez parlant. J'ai déjà attendu, j'attends encore.

Serge Daney, interviewé par Régis Debray, indique que la première image
de son enfance, c'est la carte du monde : une promesse.

pneu mieux faire

Grosse journée.
Ce matin je file au labo du Chemin vert : il y a du monde mais c'est fluide et ils ont bien récupérés l'ordonnance faxée hier par mon médecin (en attendant, je prends rendez-vous pour la radio pulmonaire à 14h50). J'aime bien cet endroit car le personnel est hyper compétent, attentif, sympathique. Par exemple, l'infirmier qui me fait le prélèvement (et sa piqûre a été indolore) me glisse, une fois les tubes remplis : "Et maintenant vous voilà prêt à rejoindre le maelström!" Quelques grammes de poésie, encore merci.

J'ai repris mon vélo pour aller plus vite avec tous ces rendez-vous dans la journée et je me fais un masque anti pollution avec un foulard indien; pas sûr que cela soit très efficace.
Je décommande un déjeuner avec D. J'envoie un mail à Jean-François, un canadien avec qui j'ai passé une soirée il y a trente ans à Paris et qui vient de me retrouver sur Facebook, alors que personne ne sait que j'y suis inscrit et que je bats les records de n'y avoir que trois ou quatre amis.
Yolande m'envoie un message ("Ne nous fais pas la Dame aux Camelias"), c'est vrai qu'elle consulte régulièrement le blog. J'ai vraiment envie de cesser d'y parler de mes poumons.

L'édito (signé d'une journaliste de mode) sur lequel je viens de travailler est supprimé. J'ai bossé pour rien mais ce n'est pas dommage : il y était question de Monet et de Murakami comme si le premier avait quelque chose de moins que le second... Aie, le nombre de sornettes qui s'écrivent depuis que le monde de l'art contemporain est aux mains des fabricants de sacs à mains, c'est terrible.

Coup de fil de EMA qui a reçu les résultats du labo et pense a un risque d'embolie pulmonaire et serait rassurée de me voir hospitalisé. On négocie, elle téléphone au docteur P. à Pompidou, puis finalement on en reste au programme prévu : radio pulmonaire et entrevue à 17h30.

En sortant, mauvaise surprise, mon pneu avant est à plat. Forcément j'y pense : pneu, pneumonie etc.

Je rentre à la maison à petite vitesse (c'est sur le chemin du centre de radiologie), je monte le vélo dans l'appartement (7e étage), je change la chambre à air (j'en avais une de rechange d'avance) et je repars. Toujours pas déjeuné. Au labo d'imagerie médicale, j'attends assez longtemps en écoutant leur bande son de musique brésilienne, puis c'est mon tour de passer et l'opératrice de radiologie est très mauvaise mais j'ai la flemme de lui dire : ce serait trop long de lui expliquer que quand on parle à quelqu'un il faut regarder son interlocuteur et non pas lui parler en lui tournant le dos et en se dirigeant de l'autre côté de la pièce. Pas le genre de personne à comprendre ça aisément. La preuve qu'à vouloir aller vite (au détriment du patient) on perd souvent du temps (au détriment de tout le monde) : un des clichés est à refaire. Passons.
La radio montre un progrès et encore pas mal de nuages.

En sortant j'achète un bagel à côté et je retourne au bureau. Puis c'est le temps de rejoindre EMA. J'ai toujours plaisir à la voir et cela m'embête un peu : je me demande si un jour je ne vais pas tomber malade pour passer plus de temps avec elle. On en reste a de sages prescriptions : rallonge de la prise d'antibiotiques, un petit coup de Ventoline et c'est tout. Programme scanner, pneumologue, prévu pour dans trois semaines, après mes vacances en Sicile.
Du repos, du repos, du repos, scande-t-elle.
On parle avec affection et admiration de Michel Butel (voir post du 5 septembre), donc de l'intelligence et du cœur, et du coup, elle évoque Pierre, Pierre Kneip.

Je n'ai toujours pas eu de réponse de Y (voir post du 15 septembre).
Le soir, dîner sympa avec Michel D. dans un restau pas terrible de la rue Bergère (plats chichiteux mais serveur-gazelle appétissant). Nelly laisse des messages : elle a perdu puis retrouvé son mobile. Sa voix vient d'Istanbul.

jeudi 16 septembre 2010

vintage

Aujourd'hui je déjeune avec Véronique G. Elle a le projet d'un livre d'entretiens autour de la spiritualité que je ne m'autorise pas à détailler ici, et elle pense que mon regard pourrait l'aider. Nous en discutons dans un restaurant indien (qui il me semble devient de plus en plus mauvais) et je suis content de la voir en forme, dynamique, enjouée.
Je ne suis pas sûr de l'avoir aidée beaucoup, mais un peu certainement.


De mon côté je tousse pas mal, avec des sensations d'essoufflement par moments : il n'y a pas à dire, ça marcelproustise côté poumon. Je rappelle le médecin (EMA) dans l'après-midi et demain j'irai la voir (avant je devrais avoir fait une prise de sang et une radio pulmonaire, pas sûr que j'en aie l'énergie).

J'ai terminé le bouquin de Marie-Dominique Arrighi. C'est fort. Ce qui est beau c'est le rythme que prend le blog vers la fin de sa vie. Les billets sont plus espacés, brûlants, ça m'a happé en tant que lecteur, comme s'il s'agissait d'un thriller dont je cherchais le dénouement (alors que malheureusement, il est connu).

Nelly a quitté la maison et quand je rentre je trouve un mot, des livres slim (Philippe Grimberg) et plein de petites traces de sa vie ici que je vais laisser traîner quelques temps ça et là, pour le plaisir. 

Petite gourmandise mode : ce matin j'ai mis d'anciennes chaussures Girbaud, des années 80.


mercredi 15 septembre 2010

les yeux ouverts

Ce soir je laisse Nelly rejoindre seule Majid et son ami (charmant), suis trop fatigué pour l'accompagner et dîner en compagnie dehors. Elle retourne déjà demain à Istanbul, son séjour a passé bien vite.

Écrire tous les jours, s'astreindre à cette discipline de "poster" journellement donne vraisemblablement une tonalité particulière aux blogs. Pour ma part je constate que relater ce qui s'est passé dans la journée ou raconter ce qui s'est déroulé au cours des deux ou trois derniers jours, cela n'a pas la même densité, la même saveur, la même écriture.

Je relis le billet intitulé Sitges. Je note cette déflexion ("oui, je suis parfois très con") comme on dit en jargon psy : façon de botter en touche et de passer sous silence ce que j'avais vraiment en tête. 
Il m'est parfois difficile de discerner dans le confort amoureux ma propre présence au bonheur vivant. Je peux craindre l'engourdissement cotonneux, la perte de l'exigence, la dissolution. Je note que c'est vaguement symptomatique, mais je ne trouve pas cela "con" pour autant. Voilà, rectifié. Je pense aussi qu'il y a clairement des amours qui ouvrent les yeux, qui font naître, et d'autres qui aveuglent et enferment.


encore l'amour

J'ai repris le boulot. En principe mon traitement antibio se termine aujourd'hui. Mais je tousse et j'ai une désagréable sensation de douleur aux poumons. Est-ce que le nuage infectieux est toujours là ? Je vais poursuivre quelques jours encore l'Augmentin, histoire de me rassurer.

Je n'ai toujours pas reçu de réponse du médecin de Fred (voir post du lundi 6 : en réalité, Lou Goaco se prénommait Frédéric, Lou était un pseudo ; les gens qui l'ont connu jeune l'appelaient Fred).
Cela fait plus d'une semaine que j'ai envoyé ma lettre. J'aurais parié sur un courrier ou un coup de fil assez prompts, car c'était plutôt son genre à elle, façon "regarde comme je fais bien les choses, non non je ne suis pas du tout salope, je n'ai rien à me reprocher".
Il faut savoir que cette femme était très éprise de Fred, et qu'elle a beaucoup œuvré à notre rupture, se mettant en position de confidente près de moi, puis utilisant mes propos contre moi vis-à-vis de Fred. À l'époque j'étais assez naïf et je n'ai pas compris de suite ce jeu assez pervers. Tout cela est très loin maintenant.
Si je n'ai pas de nouvelle d'elle cette semaine, j'enverrais un deuxième courrier. J'ai fait l'erreur de ne pas indiquer mon adresse électronique. Téléphoner ou écrire une vraie lettre est peut-être trop impliquant pour elle. Sur la photo, j'ai flouté son prénom, je vais la nommer Y.

Ce soir Malika m'annonce son mariage. C'est la fête !



Sitges

J'ai finalement (avec l'accord de mon médecin sur le fait de prendre l'avion) accepté de rejoindre Alain à Barcelone ce week-end. Voilà quelques mois ou quelques années qu'il me tanne pour me faire découvrir Sitges.


A l'aller, je manque de tomber dans les pommes dans l'avion, un Coca-cola me sauve in extremis de l'éblouissement. Pas terrible. Il fait chaud à Barcelona, nous prenons le train pour Sitges, la voie ferrée suit le bord de mer et s'engouffre sans cesse dans de petits tunnels, le trajet dure environ trente minutes.
Arrivés à Sitges, on piétine un peu avant de trouver la rue où nous avons réservé une petite pension minimaliste typiquement espagnole. La abuelita qui tient le lieu est adorable, une Uruguayenne qui a vécu trente années en Argentine, ce qui explique son accent doux, c'est Alain qui le remarque, moi je n'ai pas l'oreille assez fine pour ce genre de choses.
La ville est charmante, j'imaginais un littoral défiguré avec de grands hôtels moches, il n'en est rien, il reste même pas mal de petits immeubles de style hispano mauresque assez pittoresques et l'ambiance de la ville s'affiche très bon enfant, très gaie, très station balnéaire.
Le dimanche on marche assez loin vers une plage un peu sauvage, en dehors de la ville, que surplombe la voie ferrée. L'eau est très belle. Comme j'ai oublié ma casquette, j'en achète une sur place à deux euros, un truc dont la laideur m'est après coup assez sympathique. Le soir, dans la ville, sur une mini place, les espagnols dansent la sardane et je m'étonne qu'Alain n'ait jamais vu ça, lui qui va si souvent à Barcelone.
Certaines rues sont pleines d'ours (comprendre d'homosexuels trapus barbus velus) sans que nous ayons élucidé si c'est pour une occasion spéciale ou bien si la ville est habituellement le lieu de ralliement de cette communauté poilue. C'est assez amusant.

La nuit, devant l'eau noire et le reflet cuivré de la cathédrale brouillé par les vagues, je me souviens de moments de bonheur assez semblables dans la chaleur d'Ibiza, dix, quinze et vingt ans auparavant, et de la conscience que j'avais de cette plénitude. Je me disais alors, "c'est incroyable de pouvoir vivre des instants aussi magiques, c'est incroyable que tu vives ça".
Alain est là, à côté de moi, très amoureux, assez démonstratif même alors que ce n'est pas du tout dans ses habitudes : je sais qu'il est comblé et que moi je pourrais me laisser aller à trouver que ce bonheur-là n'est pas suffisant. Oui, je suis parfois très con.











Le lundi nous restons sur une des plages de la ville où l'on peut être nu sans problème. Evidemment les antibiotiques et le soleil ne sont pas bon amis, mais je fais avec. Je profite de l'eau sans nager de peur d'épuiser ces pauvres poumons malades.
Dans l'après-midi, un peu avant de rejoindre un bus qui doit nous mener directement à l'aéroport de Barcelone, je m'aperçois que j'ai perdu mes lunettes de vue. Arrgh!

Lundi soir je retrouve Nelly à Paris. Et pourquoi pas vivre à Jérusalem ?



jeudi 9 septembre 2010

fatigue

Il pleut, il fait beau, il pleut, il fait beau, etc. Mon corps suit la météo, je ne sais pas trop dans quel état il est réellement.

En fin d'après-midi, quelques pas me paraissent un marathon. Je passe au square des Récollets, le soleil est presque couché. Il y a un jeune garçon torse nu avec un K tatoué sur le bras, accompagné d'un enfant tout petit ; un couple qui dessine, avec carnet et aquarelle ; plus loin un groupe d'Afghans, certains font de la gymnastique, d'autres se massent, lentement, en maintenant des pressions longtemps sur le corps (le massage a de toute évidence une visée thérapeutique). Puis tout autour du square, beaucoup d'hommes avec des kippas sur la tête, des familles. 

Avec Nelly, on fait de la soupe au potiron, lentilles, curry et gingembre. Elle part demain pour quelques jours.


la manche rouge

"Je me rappelle un soir au Matrix quand un voyageur est entré avec un gros sac à dos et a proclamé : "Quelqu'un qui veut du L...S...D... ? J'ai tout ce qu'il faut ici ; j'ai besoin que d'un endroit pour le préparer."
Le patron lui arriva dessus immédiatement en murmurant : "Calmos, calmos, viens derrière dans le bureau." Je ne le revis plus après cette nuit-là, mais avant de disparaître, le voyageur avait distribué ses échantillons; d'énormes gélules blanches. J'allais dans les toilettes hommes pour m'avaler la mienne. Mais rien qu'une moitié pour commencer, me dis-je. Bien raisonné, mais pas facile à faire dans les circonstances. J'avalai une moitié, mais laissai tomber le reste sur la manche de ma chemise Pendleton rouge... Et comme je me demandais que faire, je vis entrer un des musiciens. " Qu'est-ce qui ne va pas ? fit-il.
- Eh bien, toute cette poudre blanche sur ma manche, c'est du L. S. D."
Il ne dit rien : se contenta de m'attraper le bras et de commencer à me le sucer. Très gros, comme tableau. Je me demandai ce qui arriverait si quelque jeune type genre agent de change amateur du Kingston Trio avait le malheur de s'aventurer dans les toilettes et de nous surprendre en plein acte. Je l'emmerde, me dis-je. Avec un peu de chance sa vie sera par terre — il se dira que juste derrière la porte étroite de tous ses bars préférés, des hommes en chemises Pendleton rouge se prennent des pieds incroyables en faisant des choses qui lui échapperont toujours. Oserait-il se sucer une manche ?..."
("Las Vegas parano", Hunter S. Thompson)

Parfois quelques mots seulement m'entraînent dans un espace vaguement douloureux, un poil nostalgique, très beau, où le sentiment de ma jeunesse perdue grince un peu, et je sais que je suis victime de la poésie des images plutôt que de celle du langage.

mardi 7 septembre 2010

des joies

J'ai de la difficulté à gérer mon sommeil, je crois que c'est un effet secondaire de la Cortisone. Les premières journées j'avais l'impression d'être sous amphétamines et de présenter les mêmes symptômes d'hyperactivité que Seth Brundle (Jeff Goldblum), dans le film "la Mouche", de Cronenberg. En attendant de grimper au plafond, j'ai parfois un petit hélicoptère sous le crâne, une fois le soleil couché.

Cette nuit, Nelly fait plein de petits bruits en dormant comme elle en a l'habitude, c'est très mignon. Je pense qu'elle est tout de même plus agitée que d'ordinaire car elle marmonne aussi un peu.
Je repasse au doigt sa bague égyptienne.

Je vais chez Selim, le coiffeur. Cet été il s'est marié au bled. Le bonheur lui va bien, il dit : "j'ai grossi, non ?" Quand j'évoque les enfants à venir, son visage s'illumine.

France me téléphone, elle est à la manifestation, elle m'y cherche, elle ignore que je suis en arrêt maladie. J'ai reçu sa carte postale du Laos, je le lui dis ; le même jour il y en avait une autre dans ma boîte, du Laos aussi, signé Christophe, qui m'a mis en joie.
Christophe me manque, j'ai du mal à accepter que la vie nous ait éloignés, je ne sais pas si c'est juste de le formuler ainsi. Souvent quand je pense à notre amitié me vient à l'esprit le film "Old Joy", de Kelly Reichardt.

Photo de "Old Joy",  Kino International.














Je continue mon exploration des blogs qui pourraient donner de la matière à mes réflexions sur le sujet. Malheureusement deux d'entre eux qui me semblaient très intéressants sont devenus inaccessibles : l'un paraît avoir été supprimé ; pour l'autre, l'auteur a choisi de le mettre en privé et a refusé de m'inviter comme lecteur. 

lundi 6 septembre 2010

sans légende

Faut-il légender forcément les photos ? Certaines le seront immanquablement, qui ne sont pas de ma main et dont l'auteur ou la provenance doivent être indiqués.

C'est tout de même en me posant cette question bête que je suis revenu à la mort de Lou Goaco (voir posts du 6 août).
Sur le faire-part annonçant son décès dans "Libération", le mot sida n'apparaît pas. J'avais mis ça, à l'époque, sur la difficulté de sa famille à l'accepter. Je me proposais donc de l'indiquer en légende sur ce blog, comme une vérité à savoir, une mise au point. Et je m'aperçois que je ne sais rien.

Quelques mois avant sa mort, au mois de décembre, nous avions pas mal discuté au téléphone et il n'avait pas fait d'allusion à une quelconque détérioration de sa santé. Il avait évidemment tout prévu avec son médecin en cas de coup dur pour échapper à une fin inutilement longue. Mais ce qui s'est réellement passé, je l'ignore. Comme j'ignore pourquoi ce médecin, que je connaissais fort bien, n'a pas pris la peine de me prévenir de son décès. Je viens de lui écrire un courrier pour éclairer cela, plus de quinze ans plus tard.

Impression de solitude pénible. Pour me distraire je coupe les tiges du bouquet qu'Alain m'a fait envoyer de Suisse, quand il a su que j'étais arrêté pour cette infection pulmonaire. Il aime les roses kitsch, lui.


dimanche 5 septembre 2010

butinons butel

Mon ami Alain est reparti vers la Suisse. On a fait peu de choses dans la ville, je me fatigue assez vite, l'infection pulmonaire m'essouffle pas mal.

Je capture quelques photos de Michel Butel sur mon écran d'ordi, d'après une émission d'Arrêt sur images que j'ai téléchargée l'autre jour, où l'on retrouve, autour de "K, histoires de crabe" (voir posts du 2 et 3 septembre), de Marido Arrighi : Ariane Mnouchkine, Odile Benyahia-Kouider et Michel Butel.

L'intelligence de Butel, souple, douce, profonde sans lourdeur : de la poésie. Par instant son visage fait penser à une face sculptée d'empereur romain qui de marbre serait devenue d'un plâtre tendre, tendu à la lumière, accueillant l'extérieur. Il évoque avec fermeté la nécessité de "célébrer la beauté du monde".
Ensuite je me demande si cet être doux ne serait pas susceptible de se transformer en monstre de colère, avalant quelques collaborateurs par jour, éructant de blanches vapeurs et produisant des flux d'écume rageuse. Gare.

Nelly m'appelle à cet instant d'Istanbul : dans vingt-quatre heures elle sera ici, à la maison.

Michel Butel.







samedi 4 septembre 2010

dedans dehors

Je repense à Françoise me croisant dans les sentiers du Hameau et m'appelant son petit poisson koi. Mais maintenant le poisson a avalé la mer et les nuages sont dans mes poumons. Tératologue, à moi !


C'est le temps des traitements, de l'essoufflement et de la convalescence.
Alain est venu de Suisse pour le week-end. C'est agréable et parfois le contraire.





vendredi 3 septembre 2010

liens

Hier, j'ai omis de mentionner en toutes lettres le nom de la maison qui publie le blog de Marie-Dominique Arrighi : c'est Bleu autour (j'ai un autre livre de ces éditions singulières dans ma bibliothèque, "Ottomanes, autochromes de Jules Gervais-Courtellemont").

J'ai donc lutté avec cette fièvre que j'évoquais dans mon post du 2 septembre pendant plusieurs jours d'affilée, alternant les prises d'Efferalgan et d'Aspegic, tentant de faire plus ou moins bonne figure à mes collègues et désertant le bureau à l'heure du déjeuner pour retourner dormir à la maison.

J'étais extrêmement troublé car en proposant, il y a deux semaines, de faire mon mémoire de psychothérapie sur une nébuleuse que je définissais vaguement comme "l'écriture de soi dans le blog, c'est contacter qui, c'est écrire comment", je n'avais pas imaginé un seul instant incorporer dans mes objets d'études le blog de mda.
Je l'ai dit, avant de l'avoir considéré dans sa chronologie, je n'en avais pas mesuré la densité, la tranquille tragédie. J'en avais perçu le ton mais pas mesuré la voix.

Les heures passaient diversement pénibles puisque certaines semblaient marquer ma victoire sur les pics de chaleur et les douleurs, et valider l'hypothèse d'un bête refroidissement, et d'autres étaient clairement l'abîme inverse, le mal interne confirmé par une fatigue géante.

Des dizaines de passages se superposaient avec mes interrogations actuelles.
Ce post où Marie-Dominique évoque avec son médecin la question de l'intime et le fait que celle-ci (sa doctoresse) avait noté dans le dossier médical des années plus tôt "voudrait un K pour mourir vite fait".
Qu'est-ce qu'on évite quand on dit, ou qu'est-ce qu'on produit ? La justesse de la pudeur : à quel moment elle aide la vie, à quel moment elle étouffe.
Est-ce que cette fois encore je vais mourir dans un an ?

C'est mon état de faiblesse accélérée sur trois malheureux jours qui m'ont fait imaginer une infection pulmonaire. J'ai finalement, à reculons, contacté mon médecin : EMA, la sœur de Marie-Dominique.


Photographiée à l'arrache, une image de "Ottomanes...": oliveraie à Bethléem.

jeudi 2 septembre 2010

avec mda

Dimanche je passe un bon moment absorbé dans la lecture de "K, histoire de crabe", le blog de Marie-Dominique Arrighi maintenant publié en livre (maintenant signifiant : le cancer a finalement emporté MDA).
J'en avais lu des posts épars, sur écran ou sur papier, mais je n'avais jamais saisi l'œuvre dans sa suite et sa logique chronologique. J'y découvre une surprenante densité.
C'est plus qu'un document, plus qu'un témoignage, plus qu'un portrait, plus que de l'écriture et plus que du journalisme. C'est vraiment une œuvre, le mot utilisé deux lignes plus haut était bien le bon, et c'est une littérature contemporaine. C'est ici.
Et après avoir lu un tiers environ de l'ouvrage, je me retrouve avec une fièvre de cheval (malade) et des douleurs dans tout le corps. Mince. Un fantôme de K s'est-il emparé de mon corps ? Ai-je mis trop d'empathie à la lecture ?