vendredi 29 octobre 2010

broncher

Après une matinée de travail plutôt sobre (d'autant que je suis à jeûn depuis huit heures du matin) mais efficace, je pars à la clinique.


Là-bas, attente un peu longue avant qu'un ressortissant étranger, qui n'a pas d'assurance en France, accepte de faire les chèques de caution demandés par la secrétaire de l'accueil. 

L'obsession avec moi, apparemment, c'est "vous êtes bien à jeûn?," que toute personne rencontrée me demande (secrétaire, anesthésiste, médecin, infirmier). 

Le début se passe bien : les gens sont courtois, le personnel est plutôt décontracté, mon infirmier n'arrive pas à sortir le lit roulant de la chambre et reste bloqué dans le couloir ("je n'ai pas l'habitude de brancarder") ce qui est l'occasion d'une fausse partie de voiture tamponneuses avec les brancards.
Le pneumologue regarde la dernière radio sur l'écran lumineux et finit par trouver lui-aussi que vraiment, ça ne s'arrange pas, ça devient inquiétant. Il parle pas mal de cancer ce qui ne me fait pas trop plaisir, et signale que ce qui sera prélevé partira dans deux labos, un pour les bactéries, l'autres pour les cellules suspectes.
L'anesthésiste est moins Laspalès que la dernière fois, il a dû se raser, mais il est encore plus jovial que je l'avais identifié, entrant en braillant qu'il ne trouve pas son masque (moi je l'imagine avec un truc de mardi gras sur le visage genre Winnie l'Ourson), on ne s'entend presque plus parler avec le pneumologue, en réalité il cherche le petit masque en papier qui couvre nez et bouche, il chantonne pom-pom-pom pendant qu'il me pique le bras.
Ensuite c'est le moment magique de l'endormissement. Puis presque aussitôt le réveil. 
Je ne sais pas si j'ai rêvé ou non mais j'ai le sentiment d'avoir eu avec  l'infirmer de la salle de réveil une conversation bizarre. Observant un livre qu'il aurait eu avec lui, je lui aurais demandé ce que c'était et il m'aurait révélé : "Au bonheur des  dames ", de Zola. Je lui aurais demandé de me le prêter et il aurait fait la sourde oreille (comme on ferait la sourde oreille à un malade qui divague...). Mais j'aurais tout de même insisté pour l'avoir, sans succès.

Plus tard nous est servi, à moi et mes collègues d'endormissement allongés dans des box à côté, un petit déjeuner qui fait du bien.

La où ça se gâte : c'est l'arrivée du pneumo, assez content j'ai l'impression, d'avoir trouvé une anomalie dans une bronche. Il me montre une image qui ressemble à un anus dilaté en précisant, dieu merci, que c'est un zoom. Il ajoute qu'il a insisté pour avoir les résultats mercredi (et insisté à cause du premier novembre) et que donc je dois venir le voir mercredi à 17h00. Jour où bien évidemment je ne suis pas libre. Là s'ensuit un dialogue assez ahurissant. J'avais déjà eu le sentiment de l'agacer un peu mais là...

Je lui rappelle que je travaille dans un hebdo avec bouclage mardi mercredi jeudi et que jusqu'au 15 novembre précisément j'avais déjà indiqué que je n'avais aucune disponibilité et que j'ai déjà fait des pieds et des mains pour avancer la fibro. Mais lui est furieux, vraiment, et il avance des arguments à la con comme quoi c'est ma santé, c'est important etc. A tel point qu'à un moment je lui signale qu'on peut aussi s'engueuler et se fâcher et ne plus se voir si c'est sa méthode à lui. Encore plus énervé quand je lui signale qu'entre discuter des résultats le 3 ou le faire le 17, ça ne devrait pas changer la face du monde. Il est parti tout renfrogné. 
Est-ce qu'ils vont me lâcher tous ces gens-là, à la fin ?

1 commentaire:

  1. Peuvent pas s'empêcher de penser à ta place : "C'est pour ton bien !"

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