lundi 4 octobre 2010

rendre compte

J'ai répondu ce soir à Y. Pour la remercier sincèrement. Pour insister à nouveau sur l'importance des faits, ce qu'ils disent, comment ils font sens.
Pour dire aussi, si elle le comprend, que la loyauté que l'on doit aux morts doit s'arrêter à la porte de l'enfer, et ne pas enrichir Hadès "de nos gémissements et de nos pleurs".

Merci de ta réponse Y., 

je commençais à m'inquiéter de ton silence après t'avoir imaginée en longues vacances à l'étranger !

C'est en voulant noter deux trois choses autour de la mort de Fred que j'ai pris conscience que ce que je croyais savoir était de l'ordre de l'imaginaire (il était mort du sida et aurait demandé que je ne sois pas prévenu de sa mort). Je ne pouvais rien écrire noir sur blanc sans en avoir eu confirmation de quelqu'un qui savait vraiment.

Merci donc, car ces lignes m'apportent beaucoup de choses. 

Il m'avait effectivement parlé de cet été où il avait été mal, en des termes si édulcorés que je n'aurais pas pu imaginer qu'il ait déjà frôlé la mort à cet instant. Voilà qui donne une autre perspective aux conversations téléphoniques que nous avons eues cet hiver-là.

Je déplore évidemment que ses proches se soient sentis investis de cette mission funeste de ne pas me prévenir de sa mort : cela avait un sens qu'il ne le fasse pas, lui, fortement inscrit dans notre histoire, c'est pour cela que je l'avais imaginé comme tel ; pour ceux qui restaient en vie, en revanche, cela n'avait que le visage de la violence. Comment ne pas s'en rendre compte ?

Si tu apprends si ses cendres ont été portées dans quelque tombe, fais-le moi savoir s'il te plaît. Pour moi Fred est encore très présent. Mon amour pour lui n'a jamais été inconditionnel (et je sais qu'il en a souffert), il n'en reste pas moins immense. 

Bonne installation parisienne, 
Frédéric.


Détail de la fontaine de Carmelo Mendola, à Catania.

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